L'aube fleurie

Sous le voile de l’illusion

Vibrait sa voix, chantait son cœur,

Et dans le miel de ses chansons,

Ses vilains maux fleuraient bonheur.

Pour un temps, elle aurait dansé,

Pour un temps elle aurait souri,

Tout contre lui sa joue posée

À se bercer de mots chéris.

Et aujourd’hui si le silence

La plonge encore par instant

Dans le récit de ses absences,

Sa peur extrême du présent,

Ses abandons, renoncements,

Elle a bien vu dans son regard

Surgir un jour ce cri urgent

Qui vous laisse éperdu, hagard,

Quand l’instant d’or est arrivé

D’aimer un autre plus que soi,

En un clin d’œil de tout donner

Sans peur, sans effort et sans loi.

Le rêve et la réalité…

Ce fut une révélation

Quand elle vit la mer danser

Au rythme doux de leur chanson.

Elle apercevait sa frimousse

Dans les reflets sur les carreaux,

Mieux que son portrait dans sa trousse

De souvenirs d’un temps plus beau

Où un sourire était un don,

Une caresse un art d’aimer,

Ou la moindre de leurs actions

Était la tendresse incarnée.

Elle avait espéré longtemps

La belle et magique surprise

De son jovial visage aimant

Venant fissurer leur banquise,

Et dans un corps à corps fiévreux,

Fondre le gel des eaux dormantes

Pour faire éclore un rêve à deux

Ressuscité de la tourmente.

Mais aujourd’hui, tout simplement,

Les yeux perdus au firmament,

Le cœur tranquille et ronronnant,

Elle se dit en souriant :

Pour un instant j’aurai dansé,

Pour un instant j’aurai souri,

Tout contre lui ma joue posée

À me bercer de mots chéris.

Pour un instant, j’aurai aimé…

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