L'aube fleurie

L'aube fleurie

Le train de la rumeur

Atelier de Ghislaine n°239

 

 Sujet 1

Chacun, échos, doute, dissiper, inconnu,, songer

 

Sujet 2   

Rumeur, recul, propager, critiquer, mur, question.

 

Sujet 3   

Texte avec des mots commençant par ""H ""

 

Sujet 4  

Texte avec des mots se terminant par " ote, otte "

 

 Sujet  5

 Texte avec des mots contenants le son ' ere, erre '

 

 Sujet 6

    Texte libre   

 

           Sujet 7           

                                       Ressenti sur cette image :

 

 

 J'ai rassemblé tous les sujets en un :


   

 

 

  Rien n’est plus facile à propager que la rumeur. Elle est aussi rapide qu’un train lancé à grande vitesse. Et plus on actionne la vapeur des ragots, plus il file vite, comme une vipère entre les pierres.

 

  Prenons l’exemple d’un individu lambda que nous nommerons Hector.  Ce dernier n’aime rien autant que critiquer. Le blâme, c’est un peu sa marotte, à ce brave Hector. Un matin, il rencontre Harry sur son chemin, un copain de naguère qu’il ne fréquente plus guère, et qui est féru de broderie. Non pas cette broderie du noble artisan, laquelle nécessite un canevas, une aiguille et du fil, mais celle de l’être empreint de malignité romanesque qui exagère systématiquement les faits de n’importe quelle situation, en y ajoutant le sel humoristique ou corrosif des quelques détails croustillants de son crû. Il détient précieusement ceux-ci en prévision, « au- cas-où », dans sa hotte toujours remplie à ras-bord. Un bouquet d’idées rocambolesques ou rusées susceptibles de rendre toute entreprise rigolote, c’est là sa botte secrète pour les jours d’ennui.

 

  Et c’est ainsi qu’une légère bourrasque inoffensive devient pour lui une tempête d’enfer. Un vulgaire rhume une affection pulmonaire. La trahison d’un ami une catastrophe planétaire, en même temps qu’une affaire d’état. Même une petite crotte de lapin devient à ses yeux une gigantesque bouse de dinosaure. Bref, chacun des événements de sa vie ou de celle des autres, Harry est toujours prêt à en faire un roman « du tonnerre ».

 

   Aussi, lorsque ce jour-là Hector lui apprend le fameux scoop supposé faire trembler la terre entière, il n’émet aucun doute sur sa véracité, même s’il sait, comme tout le monde au village, qu’à son âge canonique, Hector radote à présent aussi souvent qu’il dénigre. Sans compter que ces temps derniers il sirote pas mal au coin du feu, ou bien, de temps à autre, à la petite gargote près de chez lui.

 

   Nonobstant ce détail pourtant crucial, pas question pour Harry de prendre le plus petit temps de recul afin d’analyser la situation posément et de tirer le vrai du faux des paroles du vieillard. Non seulement à aucun moment il ne va songer un seul instant à dissiper le doute, mais au contraire, il s’empressera de rajouter de l’huile sur le feu. Il ne doutera pas, même à l’instant où grâce à l’une de ses rares pensées logiques il va se heurter de plein fouet au mur de l’impossibilité, pour cause d’alibi indubitable, tandis qu’il ajoutera foi à la rumeur avec un sourire sardonique.

 

   Voici donc quelle est la source des échos diabolico-hystériques en question :

   Un mystérieux inconnu a sauvagement assassiné Charlotte, la jeune et jolie voisine de son cousin Fabien, qui demeure à l’autre bout du village. Le meurtrier l’a laissée pour morte dans un fossé. Personne ne sait qui a pu commettre un crime aussi abominable, lequel va laisser tout le monde pantois et angoissé des heures entières. « Mais qui a bien pu faire ça ? » L’assassin est-il encore dans les parages ? »

 

   Quand subitement, et sans aucune raison, l’inconnu en question prend visage et corps dans la bouche d’Hector. Il s’agit de Sébastien, repris de justice repenti, installé au village depuis quelques mois, en tant que boulanger. Un homme aimable et discret, parfaitement bien intégré et prospère, qui va soudain devenir l’homme à abattre aux yeux du médisant.

 

  Après cette révélation, Harry, secrètement envieux dudit boulanger qui a si bien réussi dans la vie, ne s’interrogera pas plus longuement. « C‘est sûr, c’est lui ! répondra-t-il à Hector et affirmera-t-il ensuite avec conviction en relayant très largement l’information.

 

  Et comme personne ne le dissuadera de cette « vérité », à peine quelques heures plus tard, la tête du coupable sera mise à prix et quasiment posée sur l’échafaud des réseaux sociaux, prête à être tranchée. Elle va même y demeurer longtemps après que Sébastien a été formellement disculpé par les gendarmes.

…/…

   Jusqu’à ce que la horde vocifératrice et assoiffée de scandale se lasse de la victime essorée, et se trouve une autre tête de turc : « Il n’est pas net, Harry, vous ne trouvez pas ? » émettra sournoisement la première voix du premier bruit de couloir. « Depuis le début il accuse farouchement ce pauvre Sébastien. C’est à cause d‘Harry qu’on a relayé l’info ! Il avait l’air si sûr de lui ! Et si c’était là un moyen de détourner l’attention sur quelqu’un d’autre que lui ? Et si c’était lui l’assassin ? » « C’est sûr, c’est lui, opine alors Hector en titubant, un verre à la main, il en est bien capable, ce renard. Moi, je l’ai jamais senti, ce mec-là, je l'ai toujours trouvé sournois… »

 

MPV

 

 



31/05/2024
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