L'aube fleurie

Atelier de Ghislaine n°198

Il fallait insérer les 8 mots suivants dans un texte :

Joli, ton, oasis, odeur,verdure, obole, ombre, ciel

ou ces 7 autres :

 observer, œuvrer, omettre, dresser, oublier, obliger, être.

ou écrire un texte comportant :

5 mots commençant par J

5 mots finissant par le son ir, ire, irre

Et / Ou air aire

ou ressenti sur thème automne

Et ou sur image

J'ai d'abord écrit un poème comportant les 15 mots, puis un texte respectant les autres consignes, illustré de l'imagne proposée par Ghislaine.

En ce jardin d’automne aux odeurs douces-amères,

Aux couleurs mordorées, aux souffles acidulés,

Aux généreuses pommes aux jolis tons divers,

J’aime à me promener en compagnie des fées.

Le printemps déjà loin laisse en nos souvenirs

Les beaux miroitements de sa tendre verdure.

Puis l’été le rejoint, étouffant nos désirs

Sous l’impétueux vent soufflant autre aventure.

Et moi je reste là en cette ombre d’été

À observer la vie qui change de costume,

Sous un ciel dont l’éclat soudain s’est tamisé,

Tel un cœur endormi sous un amour posthume.

Cette étrange oasis entourée de béton

Qu’est ce verger central dans la ville bruyante

C’est mon œil d’Osiris, mon nid de Cupidon

Quand le temps me fait mal et l’absence me hante.

Je me sens obligée de m’y rendre souvent,

Tant il me fait du bien et me rend insouciante.

Jamais je n’oublierai ces fabuleux moments,

Ni ces repos sereins sur ses sentes odorantes

Bordées de chrysanthèmes et de rosiers tardifs

Qui semblent ensemble œuvrer pour le plaisir des yeux,

Sous les regards bohèmes et les cœurs attentifs

Des amants enlacés, fébriles et amoureux. 

Je n’omettrai jamais de verser mon obole

À ce jardin magique où mon âme est heureuse.

Devant l’orme dressé comme un précieux symbole

J’écrirai la musique, et de ma voix joyeuse,

Je dirai en riant à tout être de sang

Que la vie est cadeau, qu’il faut la remercier,

Peu importe le temps, que ce soit le printemps,

L’automne imbibé d’eau ou le cuisant été.

En ce jardin d’automne au parfum du mystère,

Je reviendrai toujours, et je lui chanterai

La chanson monotone aux notes douces-amères

Fait de ce pur amour qui ne vieillit jamais.

  Jérémie a laissé un instant son jardin, ses jaunes jonquilles et ses jolies jacinthes qui parfument son air quotidien d’élixirs de tendresse, pour suivre son désir de gravir d’un pas militaire les sentiers solitaires de cette montagne qu’il aime tant. On peut lire sur son visage débonnaire tout l’amour qu’il porte à ces monts boisés fleurant les soupirs parfumés des feuillages heureux. « Que la montagne est belle ! » chanta un jour Jean Ferrat. C’est ce que pense aussi Jérémie, sans jamais se lasser, chaque fois qu’il foule les sentiers de sa montagne sacrée. Il détaille, observe, surveille, jusqu’à l’aire des aigles. Rien n’échappe à son œil de lynx. Jérémie est réfractaire à toute forme de tolérance vis-à-vis des randonneurs indélicats. Mieux vaut ne pas croiser sa route quand on jette ses déchets n’importe où, car alors on est sûr de provoquer son ire. Ceux qui connaissent Jérémie ne provoqueraient sa colère pour un empire. Alors imaginez la réaction de ce dernier quand, ce jour-là, il surprit un jeune incendiaire qui ne l’avait pas entendu arriver, en train de tenter d’allumer un feu. Les intentions de l’ado étaient on ne peut plus claires. Jérémie ne lui laissa pas le temps d’enflammer la forêt. Il fonça droit sur lui, et tout en étouffant les premières braises à l’aide de son blouson, hurla sur le garçon tétanisé tout ce qui peut exister de noms d’oiseaux.

  En pareil cas, la réaction d'un homme ordinaire serait de passer ensuite un savon à l’irresponsable. Mais Jérémie pouvait être aussi irascible que soupe-au-lait et généreux. Il reprit donc ses esprits, se calma, et se tournant vers l’incendiaire toujours prostré dans la même position, lui offrit un sourire franc, avant d’entreprendre un interrogatoire, plus psychologique que policier, mais tout aussi efficace. Du moins Jérémie l’espéra-t-il, après avoir réussi à faire dire au jeune homme perturbé le pourquoi de ce geste qu’il regrettait déjà.

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