L'aube fleurie

L'aube fleurie

La légende d'Ulythaque

Atelier de Ghislaine n° 232

 

Sujet 1

 

Furieux, naufrage, carte, embûches, créateur, payer.

 

Sujet 2

 

Pays, vagues, obstacles, déferlant, jalonner, rendre.

 

Sujet 3

 

un texte avec au moins 5 mots commençant par " C "

 

Sujet 4

 

Un texte avec au moins 5 mots finissants par "' que ""

 

Sujet 5

 

Un texte avec au moins 5 couleurs dans le texte

 

Sujet 6

Ressenti sur image :

 


Je me suis fixée le défi de réunir les 6 sujets en un :

 

 

LA LÉGENDE D’ULYTHAQUE

 

  On le surnommait Ulythaque, ce qui est la compression d’Ulysse, le célèbre héros maître d’Ithaque, l’île de rêve où la belle Pénélope, sa compagne adorée et son fils Télémaque attendaient impatiemment son retour.

 

  Ulythaque était un homme à deux faces, l’une trop sérieuse, l’autre fantasque. Il regardait toujours le monde à travers une fenêtre. Que ce monde fût paradisiaque ou au contraire démoniaque, il n’en faisait pas partie, il ne faisait que l’observer, car il portait toujours un masque.

  Ulythaque n’était pas quelqu'un de méchant. Qui porte un masque en permanence n’est pas toujours animé de quelque intention maléfique. En revanche, il est toujours victime de ses propres peurs, dont il a pourtant, et paradoxalement, une peur bleue.

  La peur de la peur est la pire de toutes. Et c’était bien ce qui caractérisait notre ami Ulythaque.

 

  Un jour, il fut donc inévitablement rattrapé par cette réalité véridique. Il se retrouva tout naturellement confronté au drapeau rouge de son identité usurpée. Ce fut tellement brutal et déstabilisant pour lui, que son visage en devint jaune, puis blanc, puis translucide. L’évidence extrêmement déstabilisante de ne pas être le maître de ses actes ni même de ses pensées, qu’il s’agît des pensées noires de la déprime ou roses de l’illusion, lui sauta brusquement aux yeux. Des yeux qu’il avait bleu ciel, du bleu le plus pur qui pût exister, lesquels virèrent alors à l‘indigo, puis au noir ébène.

 

  La raison de tout ceci était éminemment claire : Ulythaque était constamment dirigé par ses craintes, comme un pantin par un marionnettiste, même et surtout lorsqu’il était dans le déni de cela.

  Le problème d’Ulythaque, c’était qu’il avait très peu, pour ne pas dire pas du tout confiance en lui. Il souffrait d’un complexe d’infériorité depuis l’enfance, qu’un être malfaisant, très mal intentionné quant à lui, avait savamment distillé en lui avec une perversité qui frisait le génie. Aussi, depuis toujours, Ulythaque était véritablement guidé, manipulé même, par ses peurs. Et celles-ci étaient fort nombreuses et proportionnelles aux blessures qu’il avait subi étant petit : peur de souffrir, de décevoir, d’être déçu, de ne pas être à la hauteur, d’échouer... Alors Ulythaque trichait sur son identité pour se protéger du monde extérieur, qu’il considérait comme un vaste fourre-tout de dangers à éviter.  

 

  Fatalement, ses relations avec les autres s’en ressentaient. Car en portant un masque devant eux, il n’était jamais lui-même, ce qui était très douloureux, à la fois pour lui et pour ses relations. Il n’était jamais satisfait. En effet, lorsque les autres l’aimaient, il ne pouvait jamais oublier que ce n’était pas lui qu’ils aimaient, mais l’image de lui qu’il leur renvoyait. Si par malheur quelqu’un se rendait compte qu’il avait menti sur son identité, il suscitait aussitôt le rejet unilatéral de ce dernier, qui s'estimait victime de ses mensonges, et se sentait alors trompé, trahi, humilié… Il eût suffi qu’Ulythaque reconnaisse ses erreurs et lui présente ses excuses en lui expliquant ses motivations. Seulement le faire eût signifié pour lui se dévoiler entièrement, et exposer ainsi au monde entier ce personnage de lui-même qu’il haïssait, tant il lui faisait peur, tant il lui renvoyait le souvenir de son enfance traumatique.

 

  Ulythaque se sentait piégé dans un rôle qui n’était pas le sien et qui l’éloignait de plus en plus de lui-même et des autres. Il préférait laisser ces derniers penser du mal de lui, plutôt que de se mettre à nu, et ressusciter ainsi le petit garçon blessé qu’il avait réussi à faire taire (du moins le pensait-il) afin de mieux savourer le calme de l’instant présent. L’habitude et la continuité ont quelque chose de sécurisant, d’une certaine manière, pour une personne qui a beaucoup souffert par le passé, ce qui est bien compréhensible. Mais ça l’est seulement en apparence. En réalité, cette fausse sécurité emprisonne, car se sentir rassuré au sein d’une cage, ce n’est pas être libre. 

  Ulythaque n’était pas libre. Ulythaque était malgré lui, et sans qu’il en fût même toujours conscient, le prisonnier d’un monde illusoire dont il ne parvenait pas à sortir, puisque ses peurs l’en empêchaient. En s’entêtant à montrer aux autres un faux visage pour mieux se préserver, il ne faisait que renforcer sa souffrance en les éloignant de lui. En même temps, il courait le risque de se perdre définitivement, car à force de montrer aux autres un faux visage, on finit par s’y identifier et, à terme à ne plus pouvoir se reconnaître soi-même.

 

  La peur, non seulement n’évite pas le danger, mais elle le crée.

 

  Au bout de sa vie, Ulythaque ne savait plus comment s’en sortir. Et voilà qu’un matin, à l’heure où le soleil dépose ses doux rayons sur tout ce qui vit sur la terre et au ciel, il se sentit poussé à écrire ces vers :

 

 

Quel est donc ce pays où jamais l’on n’arrive ?

Seuls sur notre océan aux vagues déferlantes,

Nous n’avons nul répit, voguons de rive en rive

Avec un cœur vaillant, une foi insistante.

 

Nous vainquons les obstacles et déjouons les embûches,

Nous tenons tête au grain, aussi furieux qu’il soit.

Parfois c’est la débâcle en nos cœurs qu’on épluche

Honni qui mal étreint, plongeant l’âme en effroi.

 

Nous prions jusqu’au sang de nos corps sacrifiés.

À force de courage et d’espoir sans répit,

Nous maîtrisons le temps, dépassons nos regrets,

Évitons les naufrages, apprivoisons la vie.

 

Sur la carte du tendre est inscrit notre rêve,

Le divin créateur l’a rédigée pour nous.

Nous devons nous y rendre et sans la moindre trêve,

Car c’est notre bonheur qui nous attend au bout.

 

Notre voie jalonnée de signes avant-coureurs

Nous montre le soleil au-delà des nuages.

Quand il faut tout payer, gratuite est la douceur.

Dans un heureux réveil est un heureux présage,

 

Un renouveau joyeux pour nos corps de douleur,

Un port calme et tranquille où accoster enfin.

Au souffle bienheureux du zéphyr enchanteur,

Ressentir le subtil d’un bienheureux destin.

 

 

  Lorsqu’il eut terminé de rédiger son poème inspiré par une muse providentielle, Ulythaque se sentit miraculeusement soulevé d’une énergie nouvelle.

  Pour la première fois, il eut envie d’être lui-même.

  Et ce jour-là, à cette heure-là, il naquit pour la deuxième fois.

 

MPV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



18/02/2024
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