La passerelle
Ecrire un texte comportant les 6 mots suivants :
Refuge lettre pourtant secret destinée devoir
Ou les 6 autres :
Honneur essor force bataille instant clair
Ou un texte comportant au moins 5 mots commençant par M
Ou 5 mots finissant par le son « oire »
Ou ressenti sur image :
J'ai regroupé les 5 sujets en 1 :
LA PASSERELLE
C’est l’histoire d’une fée céleste prénommée Elsa. Comme la plupart des fées de cette lignée, elle ignore sa nature de fée. Sa mémoire a été effacée, il y a longtemps déjà, pour le temps de sa mission sur la planète terre. La seule chose dont elle soit pleinement consciente, c’est son devoir : révéler l’amour dans le cœur des humains. Elle sait, du plus profond de son âme, que c’est le seul espoir qu’il leur reste sur cette planète si remplie de non-sens et de peur dérisoire.
Un jour de frais printemps, sur la passerelle qui longe une merveilleuse rivière, Elsa réfléchit tout en marchant.
Avez-vous déjà remarqué combien la marche dans la nature est propice à la réflexion ? Non pas la l’habituelle réflexion ordinaire, encombrée bien souvent de futilités, parfois même chargée d’ondes négatives charriées par nos batailles intérieures, non. La vraie réflexion, celle qui provient d’ailleurs, de cet autre univers, secret, connu seulement des sages et de notre âme qui en a sondé toutes les facettes, les coins et les recoins. Elle, elle sait, notre âme. Elle nous murmure à l'oreille d’une voix lénifiante : « chut… calme ton esprit, ferme les yeux un instant, écoute le chant de la rivière, le chuchotement du vent dans tes mèches rebelles. Donne un peu de repos à ton cœur. Tu vas voir comme tu te sentiras beaucoup mieux après. C’est l’effet magique des éléments.
Depuis toujours, Elsa trouve instinctivement refuge au doux nid de Dame Nature, chaque fois que ses pensées moroses troublent le calme de son esprit et la sérénité de son cœur. C’est Gaïa qui lui insuffle sa force, et qui lui donne le goût de repartir. C’est comme si, à chaque nouvelle épreuve de la vie, les arbres, le ciel ou l’eau lui parlaient tendrement, comme une mère aimante s’adresse à son enfant : « n’aie pas peur, mon petit, relève-toi et marche. Un pas après l’autre. C’est le premier pas qui compte. Allez, vas-y, tu peux le faire. »
Alors Elsa avance, la tête haute, l’allure fière, une lettre retenue au bout de ses doigts palpitants qui meurent d’envie de lâcher prise. LA lettre : celle qui vient de lui livrer la vérité au goût de fiel. Elle espère la voir s’envoler avant de retomber mollement dans la rivière, mais malgré cela, elle la retient encore, Dieu seul sait pourquoi.
Tout a été dit, pourtant, sur cette missive au ton péremptoire, brève, mais tout à fait explicite. Tout est parfaitement clair, maintenant. Sombrement limpide. Les mots s’y bousculent pour lui révéler la vérité. Chaque virgule, chaque point-virgule ou d’exclamation la ponctue très distinctement, cette vérité.
C’est celle de sa destinée semée de douloureuses épreuves et d’espoirs sacrifiés, entrecoupée malgré tout de merveilleux instants de plénitude. Tous ces efforts perdus au champ d’honneur… cet amour sacrifié sur l’autel de l’orgueil, ces essors avortés, ces promesses tuées dans l’œuf, ces mots ravalés… Tout est là, sous ses yeux embués, marqué du sceau de la réalité, à l’écriture sympathique de ces mots froids, durs, impitoyables et définitifs, qui ont pourtant, sans doute raison : et si réellement elle n’était qu’illusion ?
Elsa avance encore sur cette passerelle qui serpente entre les berges charmantes. Peut-être est-ce ce chemin de verdure qui lui fournira la réponse. En attendant, elle active intensément ses cinq sens, plus un, celui qui scintille comme une luciole, juste là, au-dessus et entre ses deux sourcils. En cet instant, elle en fait l’offrande joyeuse à cette si belle nature qu’elle aime tant, et qui comble son âme bien au-delà de sa peine.
Car là est sa divine récompense, en attendant ce jour où le grand mystère de sa vie lui révélera sa raison d’être.
Est-ce ce bien ce papillon, là, tout près de son épaule, qui vient de lui parler ? Ou bien le vent dans les branches encore dénudées ? Ou encore les eaux mouvantes à son côté ? La voix a dit : « patience, encore quelques pas et pépites de temps, puis tu seras de retour chez toi. Tu as bien travaillé, petite fée, tu vas pouvoir te reposer ».
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