L'aube fleurie

L'aube fleurie

L'ivresse de la liberté

Défi Ghislaine n°1481 sur le thème "Ressenti sur cette photo"

8 mots à isérer dans le texte :

Bougie fondre lumière vitre flou sombre chercher dire

 

 

 

 

Deux colombes évoluaient gracieusement en un ballet étrange dans le ciel sombre. Elles tournaient en rond dans la faible lumière captive d’une chape de nuages menaçants. Leurs ombres noires semblaient se fondre dans le décor d’un flou artistique mystérieux, ce qui leur donnait une apparence de corbeaux.

La première dit à l’autre :

— Tu vois, je t’avais bien dit que je reviendrais te chercher. J’ai tenu ma promesse, je t’ai libérée ! Es-tu heureuse ?

— Oh oui, tellement ! Tu ne peux imaginer à quel point ! J’ai tant attendu ce moment ! répondit la deuxième, je passais des heures et des heures, des jours entiers, à guetter ta venue à travers la vitre. Car dans mon malheur, comme tu le sais, mes geôliers ont eu la présence d’esprit de placer ma cage à côté d’une fenêtre. Jusqu’à ce jour de printemps où ils ont eu la bonne idée de la mettre carrément dehors. Pour que je puisse mieux me rendre compte de mon enfermement et de mon impossibilité d’évoluer librement dans le ciel, sans doute… ajouta-t-elle avec amertume. C’est un peu comme allumer une bougie dans le noir d’une cellule, puis dire au prisonnier : voilà, ceci sera ta lumière.

— Allez, n’y pense plus, c’est fini tout ça, c’est derrière toi, maintenant. Tu sais, moi aussi j’ai longtemps attendu cet instant, si tu savais ! Comment te dire… ? Depuis qu’on t’a emprisonnée dans cette cage sordide, je ne dormais plus, je ne vivais plus, sinon pour chercher le moyen de te libérer. C’est devenu mon obsession, je ne pouvais plus penser à rien d’autre. Je t’aurais attendue jusqu’à ma mort s’il avait fallu, ma bien-aimée… Et puis aujourd’hui… miracle ! Quand j’ai vu ta cage posée sur la pelouse du jardin, j’ai d’abord cru rêver, je n’en croyais pas mes yeux ! ajouta l’oiseau, le regard pétillant. Puis le loquet de la grille mal fermé… il m’a suffi d’un petit coup de bec et hop ! Te voilà ici avec moi.

— Oui, c’est inespéré, merveilleux, fantastique…

— Alors pourquoi tournes-tu en rond comme ça au-dessus de cette cage ? Ne me dis pas que tu as le syndrome de Stockholm !    

— Non… ce n’est pas ça… c’est juste que je n’arrive pas encore à y croire… c’est tellement extraordinaire ! J’ai besoin de réaliser pleinement que cette cage est bien toujours là, au-dessous de nous, mais que moi je ne suis plus dedans, que je vole librement à l’extérieur, avec toi à mes côtés.

— Crois-moi, ma chérie, c’est bien le cas, tu ne rêves pas. Alors viens vite maintenant, allons nous poser sur cette branche fleurie où nous nous sommes rencontrées un matin, et attendons ensemble le retour du beau temps.

 

Le roucoulement rassurant de la première colombe acheva de rassurer la deuxième, et toutes deux s’élancèrent en riant sous le ciel sombre.

Quelques heures plus tard, elles roucoulaient tendrement sur leur branche fleurie. 

 

MPV

 

 

 

 

 



06/04/2021
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