L'aube fleurie

L'aube fleurie

Atelier de Ghislaine n°177

Atelier de Ghislaine n° 177 :

 

Il fallait insérer ces 8 mots :

Câlins, étreindre, vent, voir, hanter

douceur, fleur, somnole

ou ces 8 autres :

Océan, bain, sirène, printemps,

vernis, soleil, pluie, envie.

ou

écrire un texte avec des mots commençants par j.

 

J'ai décidé de réaliser les 3 défis en un.

 

 

 

SOUS UN CIEL SANS NUAGE

 

  Je me prénomme Jérôme. Ce que je m’apprête à vous raconter va vous paraître invraisemblable, mais c’est pourtant la stricte vérité. J’ajouterai que ce qui m’est arrivé n’est que justice, après tout, eu égard à ma sempiternelle frilosité.

 

  C’était un jour du mois de mars. Le temps était au beau fixe. Cette année-là, le printemps était en avance. Beaucoup de fleurs étaient déjà sorties, dans la campagne comme dans les jardins. Les jacinthes, jonquilles, tulipes, narcisses mettaient des touches de couleurs sur l’herbe tendre d’un vert éclatant.  Même mon jacaranda était déjà en fleurs. Son parfum envoutant parvenait à mes narines par la baie vitrée grande ouverte. Je sortis sur le balcon pour en profiter encore plus intensément. Je fus véritablement happé par un flot de lumière aveuglante réverbérée par les dalles jaunes de ma terrasse.  Un soleil éclatant faisait miroiter joliment les vagues de l’océan que je pouvais voir en contrebas. Il n’y avait pas le plus petit souffle de vent, c’était pourquoi la surface de l’eau paraissait aussi lisse.  Cela me donna envie de m’y jeter pour prendre un bon bain d’eau salée, mais mon côté réaliste reprit très vite le dessus, j’étais plutôt du genre frileux et je ne prenais jamais aucun risque. En revanche, je me dis que rien ne m’empêchait de passer la journée en mer sur mon voilier flambant neuf que je venais de retaper de fond de comble. Il sentait encore le vernis tout frais, d’ailleurs. Comme je n’avais rien de spécial à faire ce jour-là et que la météo ne prévoyait pas la moindre petite pluie, je décidai donc de prendre la direction du port avec la sirène. Ça, au moins, c’était jouable. « La Sirène », c’est le nom de mon bateau. Pourquoi ce nom ? Parce qu’une autre jolie petite sirène aux cheveux blonds prénommée Janice m’en avait supplié un jour en m’étreignant de ses petits bras nerveux, tout en m’inondant littéralement de « Mon petit papa chéri, s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît ! »  Comment aurais-je pu refuser, je vous le demande. Janice avait à peine 5 ans, et à grands renforts de mimiques et de câlins pleins de douceur, ma malicieuse petite fille s’était montrée très persuasive. Et je peux vous dire qu’elle n’avait pas beaucoup d’efforts à faire avec un papa-poule comme moi ! C’était à l’époque du film « La petite sirène », autant vous dire que des petites sirènes il y en avait partout dans la maison, sous toutes les formes et dans tous les gabarits. Il ne manquait plus que dans le bateau, ou plutôt sur le bateau, eh bien voilà, c’était maintenant chose faite. Le nom du personnage préféré de Janice trônait sur la coque. Je ne vous raconte pas sa joie ce jour où elle était montée pour la première fois à bord de ce qu’elle considérait dorénavant comme son nouveau jouet, puisqu’il portait le nom de son idole !

 

  Mais revenons à nos moutons. Me voilà donc sur « La Sirène ». Mon voilier flottait élégamment au milieu de tous les autres bateaux encore à quai.  Je scrutai de nouveau le ciel, à l’affût du moindre nuage, mais il était d’un bleu pur, je n’avais jamais vu un bleu aussi pur. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’être inquiet. Rien ne le justifiait, mais j’étais inquiet, c’était plus fort que moi. Mon esprit ne cessait d’être hanté par ce jour où j’avais pris la mer dans des conditions météorologiques similaires et où j’avais été surpris par une tornade. Je m’en souvenais encore comme si c’était hier. Je repris mes esprits en me moquant de moi-même. Cette fois, je m’étais bien renseigné sur les conditions météo et rien ne laissait présager un éventuel changement de temps. Je m’étais bien juré de ne jamais plus me laisser surprendre. Pourtant, je n’étais pas tranquille. J’appareillai tout de même, lentement et sans aucune conviction.

  Tout à coup, je ressentis comme une espèce de souffle étrange. Ce fut imperceptible et cela ne dura que quelques secondes, mais cela suffit à faire clignoter une alarme dans mon cerveau. Je décidai d’attendre encore un peu avant de partir, assis à la proue du bateau. J’étais bien, là, après tout, bercé par le clapotis de l’eau, mon regard se perdant sur la jetée, sous ce soleil printanier aussi chaud qu'en été qui me chauffait la peau. Je me sentais tellement bien que je finis par somnoler, puis par m’endormir complètement.

 

  Deux heures plus tard, je me réveillai au milieu de l’océan, le visage et les bras cramoisis, sur un bateau sans moteur un jour sans vent.

 

MPV

 

 



12/02/2022
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