Entre deux maux il faut choisir le moindre
Sujet 1. Aise, confort, esprit, liberté, place, pose.
Sujet 2. Bagnole, torgnole, Turbin, gamin, mandale, scandale
Sujet 3. Texte avec mots qui commence par "" S ""(Au moins 5)
J'ai fait un mix des 3 sujets.
Seb a mis un certain temps avant de sonner à la porte de Kevin, son pote de toujours. Il ne se sent pas du tout à l’aise. Il est même très mal à l’aise. Il n’est pas revenu rendre visite à son ami depuis le fameux "incident". Mais ce soir, pas le choix. Il a absolument besoin de ses services.
Dès que la porte s’ouvre, en voyant le visage à la fois surpris et austère de Kevin, Seb sent bien que la situation ne va pas être de tout confort. Il en est même convaincu dès qu’il entend sa voix caustique lui lancer amèrement :
— Tiens donc ! Un revenant ! Tout le monde te croyait mort ! T’as un sacré culot de te pointer ici, en tout cas. Qu’est-ce qui t’prend ? T’as perdu l’esprit ? T’as oublié que Max habite juste en face de chez moi, et qu’il peut te voir en ce moment même sur le pas de ma porte ? Bon, apparemment, ça t’ pose pas de problème, puisque t’es là. Alors ? Que nous vaut l’honneur de ta visite ? D’ailleurs, ils t’ont déjà remis en liberté ? Moi j’t’aurais gardé bien au chaud, t’es un danger public, mon pote.
Seb se racle la gorge avant de répondre :
— Oui, c’était une simple garde à vue.
— Eh ben ! y savent pas c’qu’ils font en te relâchant… Bon bah tout ça m’dit pas ce que tu m’veux.
Seb lance alors d’une seule traite :
— Tu m’prêtes ta bagnole, pour ce soir, Kévin ?
Kévin n’en revient pas. Il en reste muet de stupeur. Il s’attendait à tout, sauf à ça. Culotté, le mec, quand même, vraiment très très
culotté ! Après quelques secondes, il finit par lui répondre d’un air outragé :
— Ma bagnole ? Tu veux ma bagnole ? Pour quoi faire ? Ça t’a pas suffi de bousiller la tienne et celle de Max ?
— Oh arrête…
— Quoi, arrête ? C’est pas vrai, peut-être ? En plus de ça, t'as accusé son gamin d’avoir fait le coup. Il s’est pris une torgnole pour rien, le pauvre…
— Bon Okay, j’aurais pas dû. Pi j’me suis excusé, toute façon. Pi dis, c’est pas pour une mandale…
— Ah bah oui, c’est sûr, surtout quand c’est pas toi qui la reçoit. Il avait la joue toute rouge, l’tiot. T’est vraiment un irresponsable. Qu’est-ce qui t’a pris d’aller dire ça à Max ?
— Bah j’ai eu peur de sa réaction.
— Alors toi, quand t’as la trouille pour un truc que t’a fait, tu trouves rien de mieux que d’accuser quelqu’un d’autre à ta place ! Un tiot, en plus ! T’est vraiment un pétochard. Un lâche surtout.
— Bon bah ça va, en rajoute pas, j’ai compris. Y a pas de quoi faire un scandale. Alors, tu m’la prêtes, ta bagnole, ou pas ?
Kévin n’en revient pas de l’égoïsme de ce mec. Sa réponse fuse tel un boulet de canon :
— Certainement pas ! Parce qu’en plus d’être peureux et lâche, t’as deux mains gauches. Donc, non, j’te prête pas ma bagnole. Sans compter que si jamais Max l’apprend, pour moi c’est les embrouilles assurées avec lui. En prime. Y m’ pardonnera jamais de t’avoir rendu service après ce que t’as fait à sa famille. Surtout en te prêtant ma tire. Un comble ! Allez, Seb, lâche l’affaire. Tu f’rais mieux d’filer au turbin. On est mardi aujourd’hui. Tu bosses plus, l’mardi ?
— Nan. J’bosse plus du tout. J’ai plus de taf.
— Comment ça ?
— Eh ben devine.
— Nan… ils t’ont viré ?
Tu m’étonnes, se dit Kevin en son for intérieur.
— À ton avis ? Après l’foin qu’a fait Max à ma boîte…
— Nan… je l’crois pas… le mec ose encore se plaindre, raille Kevin. T’as pas l’impression qu’il avait un p’tit peu raison, Max, nan ?
Vu la tournure que prend la conversation, Seb se rend bien compte que c’est mal parti pour ses affaires. Il décide alors de la jouer déçu et offusqué, tout en prenant son air le plus triste :
— Eh ben ! Vive les amis ! Merci bien pour ton aide.
Kevin ne se laisse pas avoir par son manège et lui répond simplement :
— De rien.
Puis il attend patiemment que Seb reparte chez lui. Il attend, il attend… Mais non, Seb ne bouge pas d’un iota. Il reste figé sur le perron comme si ses pieds étaient collés au sol avec de la super glue. Il a l’air de celui qui s’apprête à faire une nouvelle tentative.
Avant même qu’il ouvre de nouveau la bouche, Kevin lui affirme avec autorité :
— Pas la peine d’insister, Seb, t’auras pas ma bagnole. D’ailleurs, tu m’as pas répondu : pour quoi faire ?
— Bah si tu veux pas m’la prêter, j’vois pas pourquoi j’te répondrai.
— Dis toujours. Peut-être que si t’as une raison valable, je chang’rai d’avis.
À ces mots, le regard de Seb s’illumine. Se pourrait-il qu’il reste quand même une petite ouverture ?
— Ben… j’avais rendez-vous avec une louloute. Je devais l’emmener au resto à Fretin. J’vais pas y aller à vélo, avec elle sur le porte-bagage quand même !
— Attends… c’est pour ça qu’tu m’demandes de t’prêter ma bagnole ? Et pi quoi encore ? Tu viens d’la rencontrer, c’est ça ? Elle te connaît pas du tout ? Bah non, forcément, elle te connaît pas. Sinon elle mont’rait pas en voiture avec toi. Sauf si elle est suicidaire, bien sûr. Seb la guigne…
— Oh ça va… Arrête avec ce surnom. Ça commence à bien faire !
Kévin s’esclaffe et répond :
— Pourquoi ? Ça te va bien, non ? Écoute, Seb, j’vois vraiment pas comment t’appeler autrement. J’ai jamais rencontré quelqu’un qui nage autant que toi dans la poisse. Désolé, vieux, mais pour le bien de ta « louloute », comme tu dis si élégamment, t’auras pas ma caisse. Allez, zou, bonne soirée. Et bonjour à ton chien de ma part, hein ? Il est encore vivant, lui ? Tu l’as pas encore empoisonné avec des croquettes moisies ? Ou écrasé par inadvertance ?
— C’est malin ! T’es content de toi ?
— Allez, sans rancune, Seb. J’t’aime bien, mon pote, malgré tout ça, mais ce s’rait franchement irresponsable de ma part de te prêter ma bagnole. Emmène-là à vélo, ta louloute. C'est tendance, nan ? Ca fait mec écolo qui pollue pas la nature. Ha ha ha ! Et surtout, si vous tombez, ce s’ra plus lentement et de moins haut que d'une caisse !
Kévin rit tout seul de sa trouvaille, tandis que Seb est rouge écarlate, de honte et de rancœur mélangées. Ce dernier en sera pour ses frais. Il rentrera chez lui la queue entre les jambes et... à pied.
Kévin, quant à lui, se félicite de sa sage décision : ne dit-on pas qu'entre deux maux, il faut choisir le moindre ? Or, il se trouve que Max est champion de boxe poids lourd…
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