L'aube fleurie

Sur les murs encombrés de sombres graffitis,

Il a écrit un nom qui hante sa mémoire,

Lui qui a bourlingué, de masures en taudis,

Sans nul autre horizon qu’une famine noire,

Lui qui a soutenu des causes impossibles,

Lui qui a partagé quelques miettes de pain,

A respiré, puis bu des poisons indicibles,

Sans cesser d’espérer de meilleurs lendemains,

Un jour l’a rencontrée, au détour d’un chemin,

« Dieu, comme elle était belle, en sa robe carmin ! »

Les roses de l’été appelaient ses deux mains,

Guettant l’or du soleil en son cœur de satin.

Les branches généreuses et vertes des palmiers

Ployaient sur son passage, espérant son regard,

Comme une onde amoureuse enfièvrerait les prés.

Les brins d’herbe volages attendaient, pleins d’espoir.

Elle était un soleil au cœur de la banquise,

Une source d’eau claire au désert suffoquant.

Sa bouche au goût de miel, à la couleur cerise,

De doux baisers mystère, embrassait tout vivant.

Il se laissa séduire et bercer par sa voix,

Qui tout bas, susurrait à son cœur des mots doux,

Des mots qui font sourire et pleurer à la fois,

Des mots qui caressaient divinement sa joue…

Quand il se réveilla de son paradis vert,

Et qu’il vit les barreaux de sa sombre cellule,

Il relut d’un œil las, sur son mur de misère,

Son nom céleste et beau, comme une libellule…

Alors si vous aussi, un jour la rencontrez,

Dites-lui cet amour merveilleux de tendresse,

Qu’un beau jour a écrit un homme abandonné,

Au cachot d’une tour, pour sa belle maîtresse,

A cette belle et noble dame que l’on nomme :

LIBERTE

A travers ce poème, j'ai voulu rendre hommage aujourd'hui, à tous ces hommes et femmes, qu'ils soient poètes, écrivains, chanteurs, journalistes, ou simples militants, qui oeuvrent, le plus souvent dans l'ombre, pour la liberté, au prix parfois de leur liberté, voire de leur vie.