Sous la porte cochère
Sous la porte cochère, dans le noir, il attend.
Sa vie est aux enchères, alors il a le temps.
La rue, il la connaît. Marcher, et puis après ?
Où devrait-il aller ? Que devrait-il chercher ?
Les portes de la vie se ferment à chaque pas.
Un jour on a envie, un autre c'est l'effroi,
Devant tous ces visages aux sillons implacables
Qui s'attachent à l'image et vous jugent coupables.
Une erreur de jeunesse, un défaut de bon sens,
Une indélicatesse aux couleurs de nuisance,
Vous voilà recelé au rang de malfaiteur
Et bientôt condamné au rayon arpenteur.
Le ciel est votre toit, la rue votre salon,
Si chance vous échoit, vous découvrez un pont.
S'il fait humide et froid, vous avez vos cartons.
On réussit parfois, à dormir pour de bon.
Le pire, ce n'est pas d'avoir peur, d'avoir froid,
De traîner ça et là, sans savoir où on va.
C'est de voir dans les yeux des passants bien pensants
Un reflet dédaigneux, un éclair méprisant.
Pourtant, quand un regard vous descend jusqu'au coeur
Qu'un sourire vous amarre à la rive douceur,
Quand une main se tend vers votre main glacée,
Que d'un mot on vous rend honneur et dignité,
Tout redevient possible et vivant et précieux
Et la porte invisible sous le toit des cieux
S'entrouvre doucement et peut donner des ailes
Au p'tit gars tout tremblant qui dort sur la margelle.
Arc-en-ciel
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