L'aube fleurie

L'aube fleurie

Un ange, ce matin...

 

 

 

Un mendiant fatigué, assis près d'un sapin

S'endormait peu à peu, engourdi par le froid.

Perdu, le coeœur serré, enneigé de chagrin,

Dans ces accents joyeux, ces musiques, ces voix,

 

Ces doux chants de Noël qui montaient jusqu'au ciel,

Ces boules scintillantes et guirlandes d'étoiles,

Ces perles d'arc-en-ciel, ces coeœurs couleur soleil,

Ces pensées rassurantes en ce monde infernal.

 

Dire qu'hier encore il aimait, lui aussi

Allumer la flambée dans la gaie cheminée !

Dire qu'hier encore il préparait le gui,

L'encens boisé-ambré, les bougies et les jouets !

 

Il y a bien longtemps qu'il ne croît plus en l'homme,

Qu'il ne croît plus en Dieu, qu'il ne croît plus en rien,

Depuis ce jour d'avant où il croqua la pomme

Au goût de sang fiévreux, à la peau de chagrin.

 

Ce jour-là sur le sol couvert de blanc velours,

Il pleurait le passé, maudissait l'avenir,

Méprisait ces paroles chantées tout autour,

N'espérait d'autre voie que celle de mourir.

 

Un homme s'approcha et se penchant vers lui,

Prononça ces paroles qu'il n'attendait plus :

« Monsieur, prenez mon bras, sur moi prenez appui

Acceptez mon obole et marchons dans la rue,

 

Allons jusqu'à l'église, il y a plein de monde,

Ce sera plus facile et moins triste pour vous. »

« Non,… en toute franchise, en cette terre immonde,

Je ne vois nul asile en ces sages ou ces fous,

 

Répondit-il, en proie à la colère noire,

La voix tremblante comme au plus profond chagrin,

"Ils passent près de moi sans m'offrir un regard,

À part vous, un seul homme m'a tendu la main. »

 

Je ne crois pas ce Dieu qui m'a laissé tomber,

Je fuirai sa maison et j'oublierai son nom,

L'amour est malheureux, l'amour va trépasser,

Cette sombre saison, de moi aura raison.

 

En prononçant ces mots, pour la première fois,

Il regarda les yeux de ce passant étrange,

Il y vit des oiseaux qui volaient sur les bois,

Et les eaux et les cieux, et un soleil orange.  

 

L'homme lui répondit, d'une voix douce et sage :

Ne crains pas mon ami, si la forêt des ombres

Endort ton faible cri. Au plus fort de l'orage,

Un soleil resplendit. Ne crains pas la pénombre.

 

Non, l'amour n'est pas mort, ni la vie, ni l'espoir,

Ni les matins joyeux, ni les soirs de sagesse,

Ecoute dans l'aurore habitante du noir,

La voix descend des cieux, quand l'espoir te délaisse.

 

Elle tonne gaiement dans la main qui se tend,

Elle essuie d'un regard tes larmes de détresse,

Et l'amour est vivant dans celui qui te rend

Ton honneur, ton espoir maquillé de tendresse.

 

 

Ces mots à peine dits, le sage disparut,

En un souffle divin tout pailleté d'étoiles

Notre mendiant comprit que survenu des nues,

Un ange, ce matin, avait levé le voile.

 

 

Martine PV

 

 

 

 

 


25/11/2010
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