L'aube fleurie

L'aube fleurie

Résistance

Sur un sentier perdu, tout au fond du désert,

Cheminait, tête nue, un berger solitaire.

Un Touareg le croisa, du haut de son chameau,

Surpris de le voir là, les pieds nus, sans chapeau.

 

L’homme lui demanda : Es-tu perdu, l’ami ?

Où t’en vas-tu par là, sous le feu du midi ?

Je ne donne pas cher de ta peau dénudée,

Ni de ta tête entière, qui sera tôt brûlée.

 

S’arrêtant de marcher, le berger répondit :

« Ami, je te sais gré de ta douce empathie,

De t’arrêter ainsi, pour un pauvre inconnu,

De craindre pour sa vie, qu’il a déjà perdue.  

 

Car vois-tu, aujourd’hui, j’ai le cœur à errer,

J’ai le cœur endormi, j’ai le cœur à pleurer,

Sans souci de la pluie, ni de l’eau de là-bas,

Car hier on m’a pris ce qui faisait ma joie.

 

J’avais un beau troupeau de vigoureux moutons,

Mais les loups des labos ont versé du poison

Dans la terre sacrée d’où provenait la sève

Qui fait pousser le blé et l’herbe qui s’élève.

 

Alors, l’un après l’autre, ils ont perdu la vie,

Pour que les rois se vautrent au ciel de leur folie.

Dis-moi ce qu’il me reste, hors le vent du désert,

Pour bercer ma tristesse en cette terre austère ?

 

Demain, l’herbe tarie révèlera la mort

Cachée au fond des puits de science aux cœurs retors.

Mais il sera trop tard et l’aride désert,

Du diabolique dard, naîtra comme l’enfer.

 

Alors je reste ici, au creux de la fournaise,

C’est moi qui l’ai choisi et qu’à Dieu ne déplaise,

Puisque demain, c’est sûr, il ne restera rien

Du vert de la nature et des heureux matins,

 

Puisque princes et valets préfèrent se ranger

Aux mensonges zélés des rois « Cupidité »,

Puisqu’ils aiment leurs ors, leurs  euros, leurs dollars,

Préservés des décors dévastés de l’histoire.  

 

 

Je marcherai longtemps, jusqu’au bout de la terre,

Jusqu’au bout de l’instant, jusqu’au bout de l’enfer !

Je resterai debout, même triste, même las,

A humer comme un fou chaque atome de joie !

 

 

Je ne laisserai rien de ma fureur de vivre.

Ils m’auront pris mes biens mais non mes forces vives,

Mais non ma résistance, mais non ma soif d’aimer !

Ni même, en mon errance, jamais, ma liberté !

 

 

 

M

 

 

 



20/04/2012
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