L'aube fleurie

L'aube fleurie

Rencontres destinées

Atelier de Ghislaine n°237

1.Insérer les 6 mots suivants dans un texte :

Victoire, simple, plusieurs, seul, aventure, surprise

2.Ou les 6 autres :

Egarer, bois, ciel, pluie, chercher, arriver

3.Ou écrire un texte avec des mots finissant par « ose » ou « ause »

4.Ou des mots commençant par « fe »

5.Ou un texte sur le thème « Nuit »

6.Ou ressenti sur image :

 

 

J'ai choisi de taiter ensemble les sujets 1, 2, 5 et 6 dans un poème et les sujets 3 et 4 dans un texte en prose, les deux regroupées sous un thème commun : 

 

RENCONTRES DESTINEES

 

 

 

 UNE NUIT SANS LUNE

 

Valentin marchait seul au milieu de la nuit.

Le sommeil le fuyait depuis longtemps déjà.

Toujours comme un linceul il portait son ennui

De ne pouvoir jamais égayer son cœur las.

 

Au fil des aventures et au gré des dangers,

Sous le ciel de sa vie si chargée de tristesse,

Il n’était pas très sûr de pouvoir arriver

À dompter son esprit assoiffé de tendresse.

 

Depuis quand n’avait-il ressenti le bonheur

D’un simple instant de paix au soleil de l’amour ?

Depuis quand fuyait-il ces assauts de rancœur

Qui toujours le troublaient en sa vie au long cours ?

 

Sous une pluie d’hiver au parfum de bois mort,

Ce soir ses yeux s’égarent en fixant le pavé.

Sous un grand réverbère, une surprise encore :

Un petit être hagard qui gémit à ses pieds.

 

Cela fait plusieurs jours qu’il erre dans les rues,

Ne sachant où aller, il cherche sa pitance,

Comme il le fait toujours depuis qu’il est perdu,

Le pauvre, abandonné, livré à la malchance.

 

Il ne s’attendait pas, en son vagabondage,

À voir sous le ciel sombre un plus triste que lui.

Le fait est qu’un air las assombrit son visage,

Tandis  qu’il voit son ombre arc-boutée vers lui.

 

En cette nuit d’hiver glaciale autant que noire,

Un homme fatigué d’errer seul dans sa vie,

Sans s’y attendre guère approche une victoire

Vraiment inespérée pour la bête et pour lui :

 

Une rencontre inouïe en une nuit sans lune

Entre un homme fourbu et un chaton chétif,

Dont il change la vie en très bonne fortune

D’un seul regard ému vers son minois craintif.

 

Une amitié unique et guidée par les anges

Va naître en un instant entre le chat et lui,

Bercée par la musique ailée de notes étranges

Dans la nuit sans éclat d’une saison sans bruit.

 

Le vieil homme et son chat deviennent inséparables.

D’une tendre amitié prenant soin l’un de l’autre,

Ils soignent leurs cœurs las longtemps inconsolables.

Sous le ciel de l’été, leur vie devient tout autre.

 

Ainsi change le temps parfois dans l’existence,

Pour des êtres perdus dans le noir de l’errance.

Il suffit d’un instant pour voir surgir sa chance

Au détour d’une rue sans aucune élégance.

 

 

 

 

TROP BELLE POUR LUI

 

 

   licien se pâme en souriant aux anges sur son petit nuage rose. Il est amoureux d’une femme. Une jeune femme merveilleuse en tous points parfaite à ses yeux : belle et intelligente, extrêmement minine, d’une élégance raffinée. 

 

   Il la croise tous les matins à la même heure. Elle se rend à son travail et lui au sien, l'un et l'autre dans des directions opposées. Et chaque fois, son parfum enivrant le happe malgré lui dans son sillage, et le rend tout chose pendant des heures. Il faudrait tout de même qu’un jour il ose… qu’il ose lui parler. Oui, mais pour lui dire quoi ? il ne la connaît même pas ! Il ne sait rien d’elle. Si elle est mariée ou célibataire. Si elle aussi l’a remarqué. Et puis d’ailleurs, elle est bien trop belle pour lui. Comment cette e du ciel au parfum divin pourrait-elle s’intéresser à lui ? Non, jamais il n’osera faire le premier pas.

 

   Ainsi, à cause de sa timidité, Félicien se dit que tout est très bien comme ça. Il se contentera de la croiser en silence, les mains moites, le cœur brile. Si un jour il peut au moins obtenir un sourire d’elle, ce sera déjà très bien. Il s’estime bienheureux, déjà, en cette période de sinistrose dans un monde de plus en plus roce, d’avoir la chance incroyable de pouvoir croiser un être aussi pur. Un ange terrestre.

Pourquoi est-ce que je pense cela ? se dit-il. Ca n’a aucun sens. Je ne la connais pas, après tout. Ni d’Ève ni d’Adam. Si ça se trouve, elle est bête et méchante, orgueilleuse, futile…

 

   Mais non, c’est impossible… Félicien ne ressent pas du tout les choses de cette façon. Une femme au visage aussi angélique ne peut pas dégager l’aura lumineuse d’une âme tide … il y croit dur comme fer : cette femme qu’il idéalise ne peut être à l’intérieur l’inverse de ce qu’elle dégage à l’extérieur. Ne dit-on pas : « il ou elle le porte sur son visage ? » Or, ce qu’elle porte sur son visage, c’est la douceur, la bonté, la générosité, et… l’amour. Oui mais, comment l’aborder ? se demande-t-il encore. Moi, l’homme simple, petit ferronnier d’art modeste, qui ne ressemble en rien à un prince charmant fier et courageux, toujours prêt à croiser le fer pour défendre sa belle. Je ne suis pas vraiment beau. Pas franchement laid non plus, d’ailleurs, mais loin d’être un play-boy. Quant à mon intelligence, disons qu’elle est rarement en overdose.

 

   Plus il y réfléchit, plus Félicien se trouve des tas de bonnes raisons de ne pas aborder la femme de ses rêves. Puis soudain, lui vient une idée. Une étincelle de feu venue de nulle part qui jaillit soudain sans prévenir et puissamment dans son esprit au repos. D’où peut-elle bien venir cette idée que d’aucuns pourraient trouver saugrenue et pour le moins hasardeuse ? Il ne le sait pas. Son ange gardien, peut-être ? Ou plutôt son ange instructeur ? Il n’en sait strictement rien, mais c’est comme si une énergie invisible le guidait et le poussait malgré lui à sortir de sa zone de confort.

 

   Et si je lui offrais des roses ? Quelle femme n’aime pas les roses ? En bouquet ou en massif. Avec ou sans épine. Avec ou sans feuille. Aujourd’hui, je vais partir plus tôt. Je vais passer chez le fleuriste et acheter un gros bouquet de roses rouges que je lui tendrai à bout de bras d’un geste ferme. Et ensuite, advienne que pourra !

 

   Le moment venu, Félicien fait exactement comme il a dit. Sous ses yeux ébahis, l’élue de son cœur saisit alors son bouquet avec un large sourire, en plongeant ses yeux clairs dans les siens, avant de lui dire d’une voix pure et chantante, la plus remplie de ferveur qu’il n’ait jamais entendue « Merci beaucoup, Félicien ».

 

   Ce qu’il ignorait jusqu’à cet instant, c’est que la jeune femme, prénommée Rose, l’avait repéré depuis beaucoup plus longtemps que lui, qu’elle savait tout de lui. Et surtout, surtout, rien ne l’émouvait ni ne la séduisait davantage qu’un homme plein de délicatesse, bien trop timide pour se dévoiler.

   Un homme dont elle attendait un geste depuis si longtemps…

 

MPV

 

 

 

 

 



01/05/2024
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