L'aube fleurie

L'aube fleurie

La brume

Atelier de Ghislaine n° 210

Écrire un texte comportant les mots suivants :

Oubli fusion évidence émois chaîne lueur

ou

Sage explosion séisme couleur billet souffle

ou

5 mots commençant par V

ou 

un texte comportant des mots finissant par le son « ver »

ou

Ressenti sur cette image :

 


 

J'ai choisi de traiter tous les sujets en un :

 

 

 

 

 

  Vers quoi mène ce pont ? Je sens que je le sais… mais que je l’ai oublié… oubli volontaire ? Ou bien effacement de ma mémoire ? Quelle est cette étrange paroi de verre, ce miroir déformant qui, en ce monde à l’envers, nous sépare encore de l’autre, le véritable, exempt de tous ces maux sévères et ces tristes émois qui nous empêchent d’être heureux, nous, humains ? C’est un vrai mystère.

 

   Je le sens… je le sais… oui, je le sais depuis toujours. Mais oui, c’est une évidence ! Bien qu’ils soient vairons, mes yeux pouvaient en contempler alors les merveilleuses couleurs, sans le secours de verres de lunettes, et ma mémoire les voit encore aujourd’hui. Auparavant, notre planète était un havre de paix, dont l’univers aux conseils judicieux était le précieux mentor. Les sages étaient nombreux, ils y régnaient avec tendresse sur une humanité confiante, empathique et généreuse. Leur mission sacrée n’était pas vraiment de régner, d’ailleurs, mais plutôt d’enseigner et de guider, car chaque être était éveillé, conscient et éclairé, toujours poussé à apprendre encore plus, afin de monter plus haut vers des plans supérieurs. Les sages protégeaient Gaïa et l’humanité, lesquels chantaient et dansaient l’une avec l’autre. Elles vivaient heureuses ensemble, unies.

 

   Mais un jour, le faux mage du doute acide planta une graine venimeuse dans l’esprit des sages. Or, quand le ver est dans la pomme... La graine germa, donna une fleur aux pétales amers qui investit leur cerveau et noya leurs neurones dans la fausse croyance qu’ils étaient moindres que ce qu’ils étaient. Et c’est ce qu’ils enseignèrent à leur tour à qui voulut bien les écouter. Alors voilà ce qui se produisit un jour :

 

   Soudainement, ce fut une immense explosion de colère sur toute la terre, tel qu’il n’y en avait jamais eu auparavant. Immense. Terrible. Assourdissante. Aveuglante. Asphyxiante. Et comme toute action d’éclat a ses effets pervers, s’ensuivirent de gigantesques séismes de haine, suivis de violents tsunamis de chagrin, qui prirent les villes à revers. Les immeubles s’effondrèrent, les tours tombèrent à la renverse. Les véhicules de toutes tailles qui avaient été soulevés dans les airs par le souffle de l’explosion retombèrent n’importe où, n’importe comment et sur n’importe qui, après avoir volé un temps avec les avions, qui eux aussi chutèrent inexorablement. Les plus gros paquebots furent engloutis dans les mers et les océans, les voiliers de plaisance déchiquetés, ainsi que divers autres bateaux.

   Réaction en chaîne. Un billet pour l’enfer… Horrible calvaire. Puis, l’hiver sur terre… glacial. Mortellement silencieux.

 

   Mais dans ce vide étrange, angoissant et surnaturel, soudain une lueur…infime, tremblotant comme la flamme d’une bougie. Faible et vacillante petite lueur d’amour, mais qui, contre vents et marées, toujours, comme un bon petit soldat, persévère. Alors la lueur grandit, grandit, grandit… elle fit jaillir la lumière.

   Et ce fut la fusion.    

 

   Et nous nous retrouvâmes ici, sur cette nouvelle terre, avec cette atmosphère, ces verts et ces bleus de la nature, cet air oxygéné qui fait courir la vie dans nos veines, ce bonheur sans frontières, cette soif d’exister à nulle autre pareille.

 

   Tout à coup, je vois. La brume s’est dissipée. Je vois, de l’autre côté du pont, ce monde réel qui est le nôtre. Il est beau, pur, vivant, vibrant, puissant, joyeux ! Il est précieux. Si précieux ! Nous sommes au milieu de ce pont. À la frontière du choix. Irons-nous vers l’avant, pour vivre la vraie vie, paisible et harmonieuse ? Ou reculerons-nous par manque de confiance en nous ?

 

   Car aussi sûr que le soleil se lève chaque jour, c’est bien notre recul qui ferait revenir la brume… 

  

 

 



02/03/2023
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