L'aube fleurie

  Le rêve est un moteur puissant.

  Le rêve est le catalyseur de nos désirs les plus profonds.

  L’ultime offrande du rêve, c’est d’être pour nous, à travers nos créations, ce feu sacré qui nous pousse à la réalisation de sa projection dans la matière. Le rêve est, en quelque sorte, la matière de la matière. Il est la matière que l’on modèle dans la matière. C’est sans doute pourquoi rêve et réalité finissent parfois par se confondre. On dit, dans certains cas, que le rêve est devenu réalité. On en est heureux, et c’est merveilleux. Mais il arrive aussi que l’on dise : « j’ai pris mon rêve pour la réalité », et quand on prononce ces mot, généralement, c’est que l’on est déçu et malheureux.

  Dans le premier cas, le rêve était inspiré par l’Amour, il en était même l’émanation. Dans le second cas, il était hanté par la peur, dont il est devenu le pantin.

  Le rêve est l’expression dans l’invisible de ce que l’être humain émane dans le visible. Si ce dernier émane l’Amour, ses rêves auront l’apparence et le parfum de l’Amour. Eux-mêmes se matérialiseront par une vie paisible et sereine de douceur, de tendresse, d’attention, de compréhension...

  En revanche, s’il émane la peur, qui est le contraire absolu de l’Amour, alors le rêve sera hanté par les spectres effrayants de cette émotion négative, aussi longtemps qu’elle subsistera.

  Pourquoi dit-on que le contraire absolu de l’Amour est la peur et non la haine ? Parce que l’Amour et la peur sont deux émotions primaires incontrôlées, alors que la douceur, la tendresse, la joie, aussi bien que la haine, la rancœur, la colère, sont les sentiments qui dérivent de l’une ou de l’autre. La haine, poussée à son paroxysme, de l’homme qui en tue un autre, a priori sans aucune raison, provient le plus souvent de sa peur, laquelle lui fait voir en l’autre un ennemi potentiel. Qui sait si, à l’instant où il s’apprête à exécuter son geste il ne l’arrêterait pas, en entendant la voix d’une âme aimante lui assurer l’irréalité de ses pensées ? Des dizaines d’événements plus ou moins sordides et horribles vécues dans son enfance par un homme qui n’a jamais su ce qu’est l’Amour, peuvent le conduire à commettre plus tard au cours de sa vie des faits analogues, parfois pires. C’est ce que comprenait notre Maître à tous, Jésus, qui avait le pouvoir de lire dans le cœur des hommes, quels qu’ils fussent, et c’est pourquoi Il offrait ses mots à tous, même aux pires des criminels. Jésus ne s’arrêtait pas à l’apparence des êtres. En fin psychologue qu’Il était, Il les disséquait d’une manière naturelle, parce que ce qu’il voyait en premier lieu dans leur cœur, c’était l’Amour, qu’ils l’eussent un jour connu, reçu ou manifesté, ou non. Parce que Jésus savait, parce qu’il était l’Amour incarné, il voyait ce même Amour tout puissant en chaque créature divine. « Va, ne pêche plus » ; « Va, ta foi t’a sauvé » : en prononçant ces mots, Il libérait chacun, non seulement du poids de sa culpabilité, mais aussi et surtout de la peur, le seul ennemi qui pût les empêcher ensuite de se laisser guider par l’Amour.

  En réalité, il n’y a que l’Amour. Car l’Amour n’est pas seulement une émotion, c’est aussi cette énergie fabuleuse qui gouverne toutes formes de vie sur notre planète. La peur n’est que la négation consciente ou inconsciente de cette réalité. Lorsque cette négation est volontaire, parfois agressive, elle dérive de l’orgueil humain qui refuse obstinément la possibilité d’une origine divine à l’existence de l’univers, c’est-à-dire d’une intelligence supérieure, dont l’Amour est le nom sacré. Lorsqu’elle est involontaire, c’est que l’Amour intrinsèque qui réside en chaque être humain dès sa naissance, s’est laissé phagocyter par toutes sortes de fantômes d’énergies négatives. Car, en réalité ces énergies négatives n’existent pas en dehors de l’esprit humain qui les crée. L’Amour est divin. La peur est humaine. Mais l'homme est fait d'amour. Donc la peur n'est qu'illusion, et tout revient toujours à l'Amour.

  La création est le rêve manifesté dans la matière. À chacun de nous de déterminer à quel rêve il veut donner vie et comment. Nos vies entières sont la somme des rêves que nous avons formulés et des choix que nous avons faits pour les réaliser. Certains d’entre eux furent guidés par l’Amour et restèrent ensuite dans cette énergie à travers nos diverses créations. Certains autres furent malheureusement freinés par nos peurs et entachés d’illusion, une fois exprimés dans la matière. Si nous prenions le temps d’examiner nos vies à la loupe avec la plus grande honnêteté, nous pourrions aisément classer nos actions dans l’une ou l’autre catégorie. Bien souvent, nous craignons de le faire, par peur – toujours elle – de découvrir tout ce que nous avons raté à cause de nos peurs, justement.

  Et c’est dommage, et nous avons tort, car malgré les apparences, tout est juste. Même nos erreurs. Surtout nos erreurs. Toutes les épreuves que nous avons traversées, parfois douloureusement endurées, au cours de notre vie, étaient nécessaires à notre évolution. Elles avaient une raison d’être : celle de nous amener à comprendre que l’Amour est la seule réalité. Il faut peu de temps à certains pour le réaliser, il en faut beaucoup plus à d’autres, notamment à cause de tout ce que ces êtres ont dû traverser. Mais ce n’est pas là l’important. Le principal est ce que l’on fait de sa vie, une fois que l’on a découvert cette merveilleuse vérité : à chaque instant, il n’y a que l’Amour. Qu’on l’ait connu ou non, qu’on l’ait vécu ou non, il n’y a que l’Amour, et seul l’Amour peut nous libérer de la peur, même de la peur la plus gigantesque, la plus incrustée, la plus sournoise et la plus lancinante de tous les temps. L’Amour et la peur sont deux énergies contraires, mais certainement pas d’égale puissance, c’est ce que chacun de nous devrait savoir et retenir en cette vie. L’Amour est la seule réalité. Rien ne peut le surpasser. Rien ne peut le faire disparaître, même la mort. La peur n’est qu’illusion. De fait, l’Amour ne peut que surmonter la peur, et il en sera toujours ainsi, quoi qu’il arrive. L’Amour est lumière. La peur n’est que l’ombre provoquée par l’absence momentanée de cette lumière, elle-même un instant retenue derrière les nuages de l’illusion.

  Aussi, dans l’assurance et la joie de l’amour vainqueur, attendons tout simplement et patiemment que les nuages passent…

MPV