L'aube fleurie

L'aube fleurie

La vie est une balançoire

 

 La vie est toujours pleine de surprises. Tu crois devoir aller à droite et tu te retrouves à gauche (sans connotation politique, bien sûr). Tu as toujours crû que tu aimais telle ou telle chose, que tu détestais telle ou telle autre, et te voilà en train de faire ce que tu détestes et de rejeter ce que tu aimes. On t’a toujours dit, et tu l’as admis, que tu n’étais pas doué pour telle ou telle activité, tel ou tel art, et te voilà maintenant en train de l’exercer. Tu as toujours été attiré vers tel ou type de personne, évité, voire rejeté, tel ou tel autre, et pourtant tu es maintenant éloigné des premiers et ami des seconds. D’où vient qu’un jour nous en venons à expérimenter l’exact opposé de ce que nous pensions être nous ? À manifester l’inverse de ce que nous croyions être notre personnalité ?

 

   C’est la vie elle-même qui veut ça. La vie est mystère. En ce qu’elle a de plus libre, de plus intense et de plus passionné, la vie nous invitera toujours à l’explorer sous toutes ses facettes, à briser nos tabous et à faire tomber nos barrières, en cassant son écorce pour faire couler la sève. Nos existences sont moulées dans un carcan duveteux, une cage dorée, capitonnée, à l’abri des tempêtes. La vie c’est autre chose. Certes, elle demande à être sentie, humée, caressée, aimée, mais bousculée aussi parfois, interpellée, dérangée dans ses petites habitudes sécurisantes. La vie est comme une balançoire. On peut s’y installer confortablement et se laisser bercer tranquillement par elle, dans la douceur d’une journée ensoleillée aux parfums fleuris. Et ceci est une bonne chose, parce qu’elle nous rend heureux.

 

   On peut aussi activer le balancement, en lançant vigoureusement nos jambes d’avant en arrière, et alors elle prendra de la hauteur. Nous nous sentirons grisés par la force d’inertie, excités aussi par une intense sensation de liberté, un peu apeurés peut-être, à la frontière du vide, agréablement désorientés par toutes ces perceptions différentes de la vie, ces sensations uniques que le balancement léger ne nous procurera jamais. Et ceci est également une bonne chose, car elle nous rend tout aussi heureux.  

 

   Dans la vie, rien n’est parfaitement bon ni parfaitement mauvais, parfaitement digne d’être adopté ou rejeté, dès lors que cela nous procure du bien-être et, bien évidemment, ne nuit pas aux autres. Alors cessons de nous culpabiliser, parfois même de nous mortifier, pour ce que nous avons dit ou fait qui a dévié de notre trajectoire habituelle et qui, pensons-nous, ne nous ressemble pas. Car au final, la balançoire finira par retrouver un rythme plus lent, jusqu’à s’arrêter complètement. Il nous restera alors le plaisir du souvenir de ce que nous avons vécu, la consolation de savoir que l’expérience peut être renouvelée quand nous le désirons, sans risque pour nous de mourir, d’être blessé ou de perdre quoi que ce soit de soi-même.

 

   La vie te surprendra toujours. Mais toi, te laisseras-tu surprendre ?   

 

MPV 

 



02/03/2019
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