Notre amie la vie
Parfois la vie nous parle. Oui, elle nous parle. Elle est un être vivant et elle s’adresse à nous. Elle nous sourit aussi, nous soutient, nous guide, nous aide, nous console, nous porte secours, parfois. Puis d’autres fois elle nous avertit, nous met en garde, nous sermonne, nous interroge : mais que dis-tu là ? Où es-tu donc ? Mais que fais-tu ? Où vas-tu ? N’es-tu pas bien là, avec moi ? Ne suis-je pas ton amie ? Ne t’ai-je pas toujours accompagné ? Soutenu ? Défendu ? Ne t’ai-je pas offert mes fleurs et mes fruits pour que tes yeux s’allument et que plus jamais ils ne s’éteignent ? Pour que ton cœur tressaille d’allégresse sous mes tendres caresses, lorsque j’envoie mon vent balayer ta peau et soulever tes cheveux ? Pour qu’un sourire allume ton visage quand je fais apparaître le mien devant toi, lumineux, tout puissant ? Ne ressens-tu donc pas cette belle osmose entre nous deux ?
Mais nous n’entendons pas. Nous préférons aller chercher ailleurs ce qui est là pour nous, en nous. Et nous nous gorgeons de fausses promesses, de paris non tenus, pour quelques instants, certes divins, mais si éphémères... C’est incompréhensible mais nous préférons la douceur immédiate d’un mensonge à l’intemporelle vérité du bonheur de l’instant.
Pourtant le mensonge rend prisonniers. L’acte même de lui ouvrir la porte crée une autre réalité que celle engendrée par l’authenticité. Elle enclenche alors un engrenage qui nécessite d’autres mensonges pour pouvoir fonctionner. Au point d’en arriver à enfanter l’illusion que ce mensonge originel était réalité. Tous les mensonges ainsi occasionnés finissent par composer un agrégat qui grossit, grossit et grossit encore, jusqu’à devenir si énorme qu’il engloutit tout autour de lui, y compris son auteur. Lequel devient définitivement prisonnier. Car on ne peut plus désamorcer un mensonge qui nous a déjà engloutis.
Nous nous accrochons alors à des idées, à des souvenirs, à des riens… qui nous enferrent dans le passé et compromettent notre avenir. Nous sourions, mais le regard triste. Nous rions comme des artistes, messagers d’illusion. Et pourtant nous le savons bien : le bonheur est dans l’instant, la merveille dévoilée, l’instantané de beauté pure.
La vie nous parle, nous sourit, elle est notre amie. Elle ne nous en veut jamais, elle, pour nos faux pas, nos non-dit, nos faux-semblants, nos interdits. Ne nous trahit jamais. Nous accueille toujours. Veut seulement nous voir heureux.
Alors remercions-là de ses cadeaux en contemplant ses fleurs, en savourant ses fruits. On ne peut tromper la vie, elle qui sait les secrets de nos cœurs, qui comprend nos doutes, nos incertitudes, nos tristesses, nos regrets. Mais elle n’y répond pas, ni dans un sens ni dans l’autre, ne les juge ni ne les commente. Car la vie c’est la vie. Elle est là, toujours là, et c’est sa seule raison d’être. Elle ne demande que notre présence à l’instant qui s’offre à nous, nu, éternel et sans voile.
La vie est ainsi. C’est la plus belle, la plus fidèle, la plus merveilleuse des amies.
MPV
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