La page / Défi Evy N°225
Mots à intégrer :
Pose, Appui, Visible, Phénix, Délires, Simple, Cri, Invente, Déploie, Rides
Le livre de ma vie est ouvert devant moi. Je n’en connais ni la fin ni l’heure de la fin. Je sais seulement qu’il reste ouvert. Bien visible à mes yeux attentifs. Je n’éprouve même pas l’envie de tourner les pages en arrière. Le passé est le passé. Il est ce que j’en ai fait. Il ne me sert plus à rien. Ce que je suis aujourd’hui, ce que je serai demain, dépend de l’instant présent. De ce que je déciderai d’en faire. Je reste là, sans attente ni but, devant cette page blanche attendant d’être noircie des phrases de ma destinée. Ou colorée du dessin de mes rêves. Ou bien des deux à la fois. Tout à coup je l’entends qui me parle, cette page. Elle me dit : « vas-y, écris, ou peins. Pose tes rêves là. Fais les vivre. Ou bien revivre. Ne crains rien, ils renaîtront. Comme le Phénix renaît toujours de ses cendres. Invente. Déploie tes pensées, même les plus sombres. Crie ta douleur s’il le faut. Tes délires angoissants ne sont que rides sinueuses à la surface de l’eau claire. Elles disparaîtront dès que tu poseras l’encre de tes mots sur moi. Tout comme le vent finit par s’apaiser après avoir soulevé les vagues de tristesse. Appuie fermement sur moi le poignet de ta main hésitante, et écris. Dessine. Peins. S’il le faut, mêle l’encre ou la matière à l’eau salée de tes larmes, mais remplis-moi de ton être, de tes pensées, de ta substance. Car c’est ainsi que je vis et vivrai."
Tout cela paraît tellement simple ! Inexplicablement je me sens apaisée par la voix étrange et surréaliste de cette page blanche en train de me parler. J’esquisse un mouvement, me penche en avant, le sourire aux lèvres…
Mais une autre voix s’insinue. Sournoise. Insistante. Entêtante. Irritante : « Laisse tomber, vas donc dormir. Tu es fatiguée. Tu l’as bien mérité. Arrête là, ce n’est pas la peine. À quoi, à qui cela servira-t-il ?" Mais je suis entêtée et tenace. Depuis toujours et pour toujours. Indiscutablement, incorrigiblement, définitivement rebelle. Je pose fermement ma main sur la feuille. Il me semble sentir palpiter celle-ci sous ma paume. De joie, peut-être. De soulagement, sûrement. La pointe de mon stylo se pose en haut de la page. J’écris, j’écris, j’écris…
La vie a encore gagné.
MPV
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