L'aube fleurie

L'aube fleurie

Journal d'une terrienne : du souffle et de la sueur

 

    Cher journal,

 

    J’ai fait du chemin depuis ce jour où j’ai ouvert ta première page. Et aujourd’hui je t’ouvre de nouveau, mais avec un petit pincement au cœur. Parce que je sens bien que c’est peut-être la dernière fois. J’en suis triste et heureuse en même temps, parce que la dernière page d’un livre ou d’un journal est souvent la première d’une autre aventure, n’est-ce pas ? La plus importante et la plus enivrante pour soi-même, bien souvent. Tu veux savoir ce que je ressens aujourd’hui, cher journal ? Eh bien voilà :

 

     Sensation intense et apaisante d’une douce évolution des choses sur notre terre.

Prise de conscience. Retournement. Descente profonde au cœur du cœur. Affirmation du Soi et de respect de l’autre qui est le miroir de soi. Exigences affirmées haut et fort d’amour, de pureté, de bonheur, de liberté. Changement progressif de paradigme né de la rencontre avec son Soi sacré.

 

     Le changement radical de notre monde est amorcé, je le sens en toutes les fibres de mon être. Il a pris naissance dans le Soi qui s’affirme. Qui ne veut plus être sous le feu des bombes, dans les chaînes de l’esclavage, de l’argent, du sexe, du pouvoir, de la toute puissance. Ce monde en a assez de la violence, assez de l’esclavage, assez de la soumission apeurée aux diktats de toutes sortes. Tout comme le Soi en a assez. Alors il bouge maintenant, le Soi. Il s’émancipe. Il est comme un grand corps endormi en train de se réveiller. Il remue tout doucement un bras, puis l’autre, une jambe, puis l’autre, en secoue les fourmis qui lui procurent encore une sensation de gêne. Il s’étire, sourit à la vie. En ce matin radieux, il a confiance en lui et en ses forces toutes puissantes. Il se lève lentement, il sait qu’il a le temps, maintenant. Tout son temps. Il n’a plus qu’à contempler l’œuvre de ses rêves en train d’être enfin réalisée.

 

     Certes, il reste bien encore, ici ou là, quelques soubresauts de haine et d’avidité, mais ce ne sont que d’inoffensives petite piqûres d’aiguille qui n’altèrent en rien la peau épaisse du géant fort de sa liberté. Il s’en amuse, il en sourit. Il regarde du haut de son idéal ce qui en bas gesticule encore dans les miasmes morbides de la putréfaction, elle-même autre visage de la vie qui renaît.

 

     La beauté d’un paysage n’est que le reflet de notre regard sur lui. Et nous sommes, nous humains, en train de contempler la beauté du monde d’un œil neuf. Ce qui va réussir à le sauver, ce ne sont pas nos combats pour le respect de la nature et de l’humanité, nos actes militants pour la paix dans le monde, nos indignations diverses contre les meurtriers de tous bords, contre les exploiteurs, les tortionnaires, les esclavagistes, les racistes, les sexistes, mais ce sont nos cœurs enfin ouverts qui diront « NON » à tout ceci et « OUI » à la vie. Des hommes et des femmes ont dit « NON » à la lente destruction de la nature et des bêtes qui la peuplent, en refusant de consommer des aliments pollués et de la viande d’animaux torturés. Ils ont refusé d’alimenter les caisses de ceux qui polluent encore, qui torturent encore. Des femmes ont dit « NON » à ceux qui profitent de leur pouvoir et de leur toute puissance pour assouvir sexuellement sur elles leurs instincts dominateurs. Elles l’ont fait en dénonçant aujourd’hui ce qu’hier elles subissaient dans la peur. D’autres encore ont dit « NON » à la guerre, « NON » aux religions qui séparent au lieu de rassembler, qui détruisent au lieu de créer, « NON » à l’injustice de la faim ou de la maladie. Ils ont dit « NON ».

 

     Ils ont "NON" parce qu’à un moment donné, leur amour pour les autres et le respect pour eux-mêmes ont été plus forts que leur peur. OUI, ils ont dit « NON ». D’autres, encore et encore diront « NON », à d’autres esclavages, à d’autres obscurantismes. Le « NON » de la chrysalide n’a pas encore fini de s’étirer, pour enfin se déchirer et  libérer le « OUI » du papillon. Le papillon de la liberté. Le papillon de l'Amour. Le papillon de la Vie. Parce que c’est l’amour, donc la vie, qui enclenche et favorise la poursuite du processus.

 

     Quand l’amour devient plus fort que la peur, tout devient possible. Même l’ouverture des cœurs encore hermétiquement fermés par la haine, la rancœur, l’égoïsme, l’instinct de possession, le désir de toute puissance. Parce qu’au regard de l’amour, toutes ces choses deviennent insignifiantes et inutiles. Vaines. Vides. Sans passé, sans présent, sans avenir. Sans existence.

 

     Le cœur est un sanctuaire. En briser l’autel, c’est blesser le monde entier. Car le cœur de l’homme est au cœur de l’humanité, lui-même au cœur de l’univers, lui-même étant Dieu, l’Un, encore appelé Amour, Harmonie, Paix, Intelligence infinie, Esprit universel. Rétablir l’aspect sacré du cœur est ce qui sauvera le monde. Rien d’autre. Parce que seul l’amour unit et permet de rétablir l’harmonie. Ce n’est pas seulement un concept, une croyance religieuse ou mystique, c’est aussi et avant tout une loi de la nature.

 

     Mais il faut aimer aussi ce qui soupire, ce qui transpire, car c’est du souffle et de la sueur que naîtra Shambala.

 

Namasté,

 

Martine

 



04/11/2017
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