L'aube fleurie

L'aube fleurie

Insectes chronophages

Quelques pensées sur les pensées, que je vois un peu comme des insectes chronophages qui nous empêchent souvent de vivre l'instant présent.

 

 

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LA PENSEE PAPILLON

La pensée est comme le papillon que l’homme cherche à photographier. Il va, il vient, de fleur en fleur. À peine s’est-il posé sur un pétale de rose qu’il s’envole déjà vers un lys ou une violette. Sous le ciel clair embaumé de jasmin, il explore la vie aux mille couleurs, aux mille parfums. Il en goûte le miel sans penser à demain.

Et pendant ce temps là, l’œil du photographe est rivé sur ses ailes, guettant fiévreusement cet instant où l’insecte va se poser. Où il pourra enfin l’immortaliser d’un petit clic satisfait.

Et tout ce temps là, l’homme passionné de virtuel sans vie, aura manqué la vibrante magie de l’instant.

Il aura manqué la beauté éternelle en flou derrière un battement d’ailes…

 

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LA PENSÉE MOROSE

La pensée morose est comme une mouche énervée par l’orage. Elle vole en tous sens sans jamais se poser. Vous frôle en bourdonnant, agace vos tympans, semble vouloir vous faire partager sa mauvaise humeur en dessinant autour de vous d’anarchiques volutes. Puis elle finit par se poser sur vous. Sur un bras, une jambe. Vous la chassez d’un geste de la main. Aussitôt elle revient. Se pose sur un autre bras, une autre jambe. Vous la chassez de nouveau mais elle insiste. Cette fois elle s’installe sur votre épaule, votre dos, votre visage… Semble vouloir affirmer qu’elle n’en a pas encore fini avec vous. Elle compte bien explorer chaque parcelle de votre corps à présent crispé d’agacement.

À moins que d’un geste rageur vous ne réussissiez à éliminer cet insecte rapide comme l’éclair, il ne vous reste plus qu’à laisser celui-ci se poser de nouveau où bon lui semble, tout en fixant votre attention sur quelque chose de distrayant. Après quelques secondes, vous avez complètement oublié la mouche, laquelle d’ailleurs vous le rend bien.

 

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LA PENSÉE INQUIÈTE

La pensée inquiète est comme une coccinelle indécise. Fera-t-il beau demain ? se dit-elle. Dois-je déployer mes ailes ou rester là, tranquille, nichée sous les brins d’herbe ?

 

LA PENSÉE AIGRE

La pensée aigre est comme une puce échappée des piquants d’un hérisson. Elle a sauté d’un seul coup sur vous, tandis que vous étiez béat d’admiration devant ce petit mammifère attachant. La puce s’est posée sur votre bras. Vous le voyez à ce petit point rouge qui vous démange désagréablement. Mais elle n’est plus là maintenant. Elle a sauté de place en place sur votre corps sensible. Et à moins que vous n’entrepreniez une cure de désensibilisation aux nuisances extérieures, la puce va sans aucun doute y élire domicile.

 

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LA PENSÉE AMOUREUSE

La pensée amoureuse est comme une libellule. De ses ailes diaphanes, elle frôle les eaux calmes de l’étang, goûtant voluptueusement en chaque gouttelette en suspension les prémices d’une intense passion.

 



31/03/2018
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