L'aube fleurie

L'aube fleurie

Et s'écoule la tendresse...

Atelier de Ghislaine n°207

Il fallait :

écrire un texte comportant les mots suivants :

Assez encore décisif accord discret besoin

 

ou ceux-ci :

Tout rien possible aise valeur profit

 

ou

un texte comportant

5 mots commençant par R

 

ou

un texte avec des mots comportant le son "ine"

 

ou

un ressenti sur l'image ci-dessous

 

J'ai choisi de travailler les numéros 1 et 2 à travers un poème, illustré par l'image,

et les numéros 3 et 4 dans un texte en prose.

 

 

ET S'ECOULE LA TENDRESSSE

 

La parole est d’argent, mais le silence est d’or.

Dans le sein du silence est né le son.

Au sablier du temps, s’écoulent les accords

Du vide et du néant transmutés en chanson.

 

C’est un son si discret que nul ne le perçoit,

Il fait tourner le monde, apprivoise la peur,

On l’entend soupirer dans les branches, parfois,

Et tout être à la ronde en frémit de bonheur.

 

Entends-tu sa musique ? Elle résonne pour toi.

Bien sûr que c’est possible, écoute encore un peu…

N’est-il pas fantastique cet écho d’au-delà ?

En ta joie indicible il exauce ton vœu,

 

Et préfigure ainsi cet instant décisif

Où tu diras « assez !  J’ai assez attendu !

Quelle valeur, quel profit pour mon cœur fugitif

Pourrais-je retirer de ces allées-venues ? »

 

De quoi ai-je besoin pour mon aise assurée ?

Qui me rendra ce tout que rien sur cette terre

Au plus près, au plus loin, ne pourrait égaler ?

Que m’importe le goût des essences amères

 

Quand je peux les sucrer du miel des mots d’amour ?

Que m’importe le gel des sentiments trompeurs

Quand je peux m’élever, vainqueur, vers le velours

Des mystérieuses ailes illuminées du cœur ?

 

Au sablier du temps s’écoule la tendresse,

À nous de la saisir au parfum du présent,

Car précieux est l’instant qui court et n’a de cesse

D’appeler nos désirs à rejoindre le vent.

 


LE GENIE DE L'AMOUR

 

Roselyne jouait de la mandoline, Amandine de la banjoline. L’une, séduisante blonde à la chevelure d’Ondine et à la figure poupine, était plutôt enfantine. L’autre, jolie rouquine à la bouche mutine était un peu cabotine. Dans leurs robes arlequines à crinoline, elles aimaient jouer ensemble joyeusement au jardin des églantines, pour accompagner les comptines de leur amie Joséphine ou les romances récitées par leur sœur Capucine.

   De temps en temps, un beau jeune homme du voisinage, Romain de son prénom et musicien de renom, venait, armé de son rebec pour mêler ses notes angevines à celles, divines du quatuor de jeunes filles. C’est qu’il avait répété leurs mélopées pendant des heures, désireux de les impressionner, surtout Roseline de laquelle il s’était pris d’affection. C’était là le seul moyen de l’approcher sans attirer l’attention de leur duègne aux pupilles assassines qui surveillait scrupuleusement les opérations.

   Jusqu’au jour où cette dernière, à la perception particulièrement fine en sa mine chafouine, s’aperçut du manège, guère discret, au demeurant, car les yeux du jeune homme étaient dardés en permanence sur la jeune fille, au point que le soupirant en perdait ses notes, lesquelles crissaient aussi désagréablement que le carcardement d'une oie souffrant d'une angine ou la canine d'un renard sur une ardoise. Roselyne n'était pas insensible aux efforts que faisait le jeune homme pour attirer son attention. Elle le trouvait à son goût, elle aussi. La duègne le comprit aussitôt en lisant dans ses prunelles opalines. Aussitôt, elle chassa le chantre amoureux d’un geste de la main, tout en lui lançant l’un de ces regards qui vous minent

 

   Romain ne pouvait concevoir l'idée que sa douce colombine ne l’oublie. Il mit au point un stratagème. Il réussit à approcher la voisine de la jeune fille,  Ernestine, qu'il amadoua suffisamment pour pouvoir ensuite solliciter son aide. Cette dernière, férue de romances, lui permit de se poster dans son jardin, non loin du groupe de jeunes filles, de l’autre côté de son mur recouvert d'aubépine, d’où il pourrait jouer sans être vu. Et là, de ses notes sibyllines, sur l'archet de son rebec, il se mit à envoyer à Roselyne, chaque jour, des messages secrets, dont Ernestine avait livré auparavant les codes à la jeune fille.

 

   Qui aime d’amour trouve toujours une combine ;).

 

        

 



06/02/2023
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