L'aube fleurie

L'aube fleurie

Calimero à vélo

 

 

Atelier de Ghislaine n°256

 

Sujet 1. Prendre, partir, sentir, chemin, suite, soucis.

Sujet 2. Texte avec des mots finissants par "" ie. ies. ""

Sujet 3. Texte thème ""humour.""

 

J'ai choisi de regrouper les 3 sujets.

 

Calimero 2

 

 

CALIMERO A VELO

 

  En un jour « ordinaire » de ras-le-bol général, Polo décide, une fois de plus, de se confier à son ami Marco.

  Ce dernier, en le voyant arriver de loin, à bicyclette, pousse un soupir d’exaspération. Oh non… pas lui… se dit-il, fatigué par avance, et se culpabilisant en même temps d’avoir autant envie d’éviter comme la peste son pote de toujours. En effet, Polo et lui sont amis d’enfance. Il l’aime comme un frère, pourtant. Les deux hommes ont de supers souvenirs ensemble. Ils ont partagé tant de leurs passions, de leurs désirs, de leurs envies ! Ça ne se balaie pas d’un revers de main, ça. Mais là… franchement… Polo devient impossible. Invivable. Il se plaint sans arrêt ! Or il n’a aucune, mais vraiment aucune raison de se plaindre. Tout d’abord, il est né dans des draps de soie, ce cher Polo, dans un petit château du XVIème siècle, dont il vient d’hériter du côté de son père, en tant que fils unique. D’ailleurs, son vrai prénom à Polo, c’est Archibald. « Polo » est le pseudo que lui et Marco utilisent tous les deux quand ils sont ensemble, et qui date du temps où ils étaient enfants. Ce temps où le père de Marco bossait pour celui de Polo, en tant que majordome dans sa demeure aristocratique, laquelle trône au centre d’un parc immense et magnifique. C’était en ce lieu que les deux garçonnets se retrouvaient pour jouer, à l’époque, et c’était au pied du chêne centenaire qu’ils avaient gravé sur le bois leur union fraternelle symbolique, celle qui illustrait le mieux leurs esprits pareillement aventuriers : Marco & Polo, du nom du célèbre marchand et explorateur.  Ils s’amusaient bien en ce temps-là, Marco et Polo…

 

  Seulement aujourd’hui, ce n’est plus du tout la même chanson. Célibataire endurci, son ami jouit toujours d’une situation que tout le monde lui envie, et qui lui a permis de s’acheter, entre autres, une villa de folie sur la côte d’azur, un chalet grand luxe à la montagne et une voiture de sport haut de gamme.  Sans compter qu'il se déplace également en jet privé – excusez du peu –. Et pourtant, malgré tous ces privilèges, au fil du temps, Polo est passé du prototype de l’homme viril, sûr de lui, charmeur, volontaire et perspicace, à Calimero. Eh oui… Son pote au tempérament si affirmé auparavant, qu’est-il donc devenu ? Maintenant, ses jérémiades continuelles fatiguent Marco plus que de tailler sa longue haie de cent mètres de long, après une journée entière de jardinage en pleine canicule. Et c’est peu dire !

 

  Après seulement quelques secondes de présence de Polo à ses côtés, ça ne rate pas, la longue litanie des plaintes commence :

- Franchement, je ne comprends pas pourquoi le sort s’acharne ainsi sur moi… ce n’est pas possible, on m’a ensorcelé ! J’ai des tonnes de problèmes et soucis en tous genres !

- Va savoir… répond Marco sur d’un ton flegmatique et indifférent.

 

Polo scrute son ami d’un air perplexe, attendant la suite. Mais la suite ne vient pas. Marco, quant à lui, contemple le ciel d’un air béat.

Super… merci beaucoup pour ta sollicitude… pense Polo, tout déconfit. Tu préfères écouter les petits oiseaux que ton pote.

- Ça ne t’intéresse pas ce que je te raconte ? finit-il par demander à Marco. Sympa l’amitié…

  Bien que bouillonnant intérieurement, ce dernier essaie de conserver son calme, et reste silencieux pendant plusieurs secondes, visualisant la statue de bouddha qui trône élégamment dans le petit coin zen de son jardin. Puis, il finit par lui répondre d’une voix tranquille un brin ironique, assortie d’un petit sourire en coin :

- J’entends ton désarroi, Polo. C’est sûr que ce n’est pas toujours facile de gérer une fortune aussi colossale… Je compatis. Franchement. Seulement le petit truc qui m’chiffonne, tu vois, c’est que c’est toi et toi seul qui provoques tous tes ennuis. Tu es ton pire ennemi. Et le pire du pire, c’est que tu ne t’en rends absolument pas compte. Quand bien même je te le répèterais jusqu’à la fin des temps. J’ai essayé tant de fois de te le faire comprendre et de te mettre en garde, mais rien à faire, tu persistes quand même dans tes erreurs.

  Polo est un peu vexé par le ton volontairement condescendant de son ami. Il lui répond immédiatement d’un air agacé :

- Ah d’accord…eh bien qu’est-ce que tu ferais, toi, à ma place ? Monsieur « je sais tout » ? Je sens que tu vas encore me sortir tes grandes phrases moralisatrices.

- Pas cette fois, non. Je vais être bref, au contraire. En quelques conseils pratiques tout de même. Et si tu ne les suis pas, mes conseils, à l’avenir abstiens-toi de me parler de tes problèmes. Compris ? Par respect pour la tranquillité de mon esprit. Si ce n'est pas trop te demander... Je veux la paix, maintenant.

  Avant que Polo n’ait le temps de répondre, Marco ajoute :

- Et pour vivre en paix, plusieurs règles incontournables :

  - La première et la plus importante, l’essentielle : être soi-même et non quelqu’un d’autre pour plaire à tout le monde ou pour se faire du fric. Ce qui veut dire : ôter ses masques.

  - La deuxième : quand on se sent sur le point d’être méchamment manipulé, prendre immédiatement la poudre d’escampette, et ensuite, ne plus regarder en arrière.

 - La troisième : quand on souhaite quitter un endroit ou une situation pour partir vers un autre chemin, arrêter de procrastiner, et agir.

 - La quatrième : arrêter de vouloir tout comprendre et tout contrôler. La vie et les gens ont leurs mystères, c’est comme ça. Classer sans suite tout ce qui pollue l’esprit, puis aller de l’avant.

 - Et enfin la cinquième : kiffer la vie, tout simplement.

  Avec une moue comique, Polo répond à la longue tirade de son ami :

 - Vu comme ça, évidemment… ça a l’air simple, mais…

 - Il n’y a pas de mais, et rien à ajouter, c’est comme ça, c’est tout, répond Marco d’un air irrité.

  S’il laisse son ami revenir sur un seul détail de sa vie soi-disant infernale, c’est fichu. Il pourra dire adieu à la paix de son propre esprit pendant tout le week-end.

 - Oui, mais… tente encore Polo qui en cet instant éprouve l’irrésistible envie de vider son sac.

 - Si tu prononces encore un seul « oui mais », Polo, je m’en vais.

 

  Non mais franchement, est-il inscrit poubelle à pensées toxiques sur mon front ? pense Marco, déjà épuisé après quelques minutes de conversation avec son ami.

  Quant à Polo, à présent il se sent désarmé. La parole se bloque dans sa gorge. Polo ne sait pas quoi répondre. Il ne sait plus quoi dire du tout. Polo se tait.

  Alléluia ! s’écrie de joie Marco en son for intérieur. Puis, il avance un peu sa bicyclette pour se positionner à côté de celle de son ami, pose la main sur son épaule, et lui propose d’une voix fraternelle :

 - Allez, viens mon pote, allons faire du vélo.

 

  Les deux amis enfourchent leur bicyclette pour une longue randonnée de quarante kilomètres en montagne, exercice d’endurance qui va leur clouer le bec à tous les deux pendant au moins deux heures.

 

MPV



22/07/2025
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