L'aube fleurie

L'aube fleurie

Atelier de Ghislaine n°217

Atelier de Ghislaine n°217 :

1.Écrire un texte comportant les 6 mots suivants :

Silence nuit supplier intense pleurs croire

 

2.Ou les 6 autres :

Seule avec sans contre pour plusieurs

 

3.Ou un texte comportant au moins 5 mots commençant par G

 

4.Ou avec des mots comportant le son « aille »

 

5.ou ressenti sur image :

 

J'ai inclus les deux premiers sujets dans un poème,

et les trois autres dans un texte en prose. 

 


 

 

FAIS DANSER TA FOLIE

 

Dans le silence d’or de la nuit qui s’installe,

Quand la mouette s’endort, ainsi que les cigales,

L’océan, quant à lui, refuse de se taire,

Et son chant pour la vie résonne en solitaire.

 

Seule est sa vague bleue quand la plage elle touche

Sous les couleurs de feu du soleil qui se couche.

Sans se décourager, elle honore la rive

Avec le cœur léger, sa foi, ses forces vives.

 

Contre vents et marées, maître océan résiste

Au rythme des journées vaincues, et fatalistes

Pour ces nuits qui reviennent et imposent leur loi

Aux fées comme aux sirènes, aux lutins dans les bois.

 

L’océan ne supplie, les pleurs ne connaît point.

Pour lui nul interdit, intense est son destin.

Y croire sans douter est son meilleur atout.

Plusieurs fois malmené, il est toujours debout.

 

Mon amie, si tu veux que belle soit ta vie,

Tel l’océan fougueux, fais danser ta folie,

Regarde s’élever ta vague emplie d’entrain,

Laisse-toi embaumer par ton propre parfum,

 

Et tu verras demain ton bonheur essaimé,

Partout sur ton chemin des fleurs éparpillées

Qui feront de ta vie ce monde ensoleillé

Où l’on se réfugie quand le ciel est chargé.

 


 

   TECHNOPHOBIE

 

   Ce jour-là, Albert se sent abattu, autant que peut l’être un général qui vient de perdre la bataille, c’est pour dire ! Comme il le fait toujours en pareil cas, il s’installe alors sur son fauteuil préféré, celui dont le siège est en paille tressée. Car juste en face, accroché au mur, se trouve le portrait de sa chère Adrienne, partie depuis vingt ans déjà, au terme d’une longue et pénible maladie qui lui a rongé les entrailles. « Vaille que vaille, il faut que j’y aille, lui dit-il avec assurance, après lui avoir expliqué la raison de son cafard. Ah mais quelle gageure ! Soit, quoi qu’il en soit, je vais la gagner cette bataille, ma mie, sois-en sûre ! Tu me connais, je n’abandonne jamais. Tu le sais bien, toi la tricoteuse hors pair qui m’a dit, un jour où je voulais m’essayer aux aiguilles et où je faisais sauter les mailles à tire larigot : « pas d’affolement, une maille de sautée, ça se relève ». Oui mais dix ou vingt, ma chérie… bonjour les dégâts ! Et là, j’ai envie de dire : il n’y a pas maille qui m’aille. C’est sûr, je ne suis pas parfait… j’ai mes failles. Si gigantesques, d’ailleurs, en ce fameux sujet qui me stresse, qu’en fait de failles, on pourrait plutôt parler de gouffres insondables. Mais ai-je mérité pour autant de me voir relégué au garage, avec les vieux tacots hors d’âge ? Le fait est que je ne fais que gamberger à longueur de journée, et ça me rend gaga tout ça…

 

   Si l’on m’avait dit un jour que je devrais galérer autant pour une simple déclaration d’impôts, moi qui en suis exonéré depuis belle lurette, eu égard à mes modestes gages ! C’est qu’il n’est guère riche, le vétéran de la dernière guerre assis aujourd’hui devant toi. Tu le sais, toi, ma douce Adrienne, mais eux, il s’en fichent comme d’une guigne, tu penses bien ! Pour eux c’est du passé tout ça, de nos jours il faut être grand connaisseur du dieu Internet. Ça c’est du sérieux, du concret ! Ça c’est l’avenir ! Imagine un peu la situation, ma douce : je n’ai toujours pas d’ordinateur, alors… Et puis, de toute façon, à quoi ça pourrait bien me servir pour ramasser mes courgettes et mes carottes, ou pour cueillir mes garriguettes ? On va encore dire que je suis un vieux grincheux, mais j’aimerais bien voir l’un de leurs gentils super geek, comme dirait notre petit-fils Thomas, différencier un concombre d’une courgette, tiens ! Qu’est-ce qu’il a dit, l’autre gars des renseignements, déjà ? « Il suffit d’aller sur Internet et de suivre les consignes, c’est quand même pas si compliqué ! » Tu parles, Charles, si c’est aussi facile que de les avoir au téléphone… : « si vous voulez ceci, tapez 1, si vous voulez cela, tapez 2… » sans compter les détails. Quand la voix a fini de parler, tu ne sais même plus quelle question tu as posée. Comme je deviens sourd avec l’âge, et que mon sonotone déraille à fond, tu vois un peu l’topo. Le 1 devient le 2, le 3 le 4, et ainsi de suite. À chaque fois, je suis renvoyé à la case départ ! Tout ça pour m’entendre dire à la fin par une horripilante voix métallique de robot : « con-nec-tez-vous à In-ter-net ».

 

   D’après mon copain Gérard, il paraît que c’est encore pire depuis hier. Figure-toi qu’à lui, c’est un type prénommé « chat j’ai pété » qui lui a répondu. Les noms qu’ils donnent à leurs robots, j’te dis pas, c’est d’un goût ! Tu parles d’une trouvaille ! C’est sûrement le geek en chef qui a eu cette idée géniale. De taille, son  idée ! Celui-là il a tiré le gros lot ! Et on dit que ce sont les vieux qui déraillent !

 

  Bref, j’ai dû faire la queue devant le seul guichet réservé aux technophobes dans mon genre, derrière cinquante autres gus comme moi, qui n’ont pas Internet, qui ne s’en portent pas plus mal la plupart du temps, et qui aimeraient bien qu’on leur fiche la paix de temps en temps.

 

   Ah mais dans quel monde on vit, ma chérie, si tu savais ! Entre le virtuel et la canaille, on est cerné ! Ces gens ne savent même plus ce que c’est qu’un arbre ! Tout juste s’ils savent différencier une pâquerette d’un pissenlit. Mais comment se filmer sur « Tic tac » (ou un truc comme ça, j’ai pas retenu le nom), alors ça, ça va tout seul ! Puis, quand ils décident de se mettre un peu au vert, évidemment c’est tous en même temps ! C’est la pagaille totale sur la nationale. Des bouchons à n’en plus finir ! Des concerts de klaxons, à faire péter les tympans de ma volaille qui piaille à tue-tête et qui, fatalement, arrête de pondre. Et ça, c’est dans le meilleur des cas ! Le pire, c’est quand les chauffeurs énervés descendent de leurs voitures et braillent comme des ânes en se faisant des doigts d’honneur, ce qui se termine toujours par des bagarres sans nom devant leur marmaille. Pfff… vivement que je m’en aille d’ici pour te rejoindre, ma douce. Fait-il bon vivre là où tu es ? Rien qui déraille ? De toute façon, ça ne peut pas être pire qu’ici. Mais je vais devoir patienter encore un peu, n’est-ce pas, ma mie ? Nos enfants et petits-enfants ont encore besoin de moi. Eh oui, car la vie n’est pas plus facile pour eux que pour nous, les vieux, loin de là. Pas plus que pour notre chère amie Gaïa qui se meurt à petit feu. Ils sont bien contents de pouvoir compter sur les légumes et les fruits de mon potager, où ils se ravitaillent les jours fériés. Du Bio, du vrai, pas du trafiqué ! Garanti 100 % , foi d’Albert ! J’ai encore du plain sur la planche, moi, le paysan retraité, et je m’en réjouis pour eux qui travaillent dur pour ne récolter que de la mitraille.

Ainsi va la vie aujourd’hui, ma chérie… A bientôt, ça m’a fait du bien de te parler.

 



15/05/2023
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