L'aube fleurie

   Aimer l’âme de quelqu’un, c’est l’aimer vraiment. Car c’est accueillir son être authentique. Son essence. Sa quintessence. Sa part divine. Peut-être même que c’est découvrir l’amour pour la première fois.

  Aimer la douceur d’un visage ou les courbes harmonieuses d’un corps est l’affaire d’un esthète, dans le meilleur des cas d’une personne momentanément amoureuse. Désirer avec force les attirer à soi, est celle d’un séducteur ou d’une séductrice. Vouloir se les approprier, celle d’un conquérant à l’ego castrateur. Lorsque visage et corps ont disparu de la sphère de rayonnement de l’être amoureux ou séducteur, le monde autour de lui demeure tel qu’il était auparavant, rien n’a changé ni ne changera. Il conserve juste entre les mains, comme preuve tangible que l’être « aimé » a bien existé, son écorce sans vie, inodore et décolorée.

   Aimer l’âme d’une personne est d’une tout autre nature. C’est sonder à chaque instant, consciemment, ou malgré soi parfois, les profondeurs infinies de son être tout entier. Jusque dans ses recoins les plus obscurs, les plus mystérieux, les plus insondables et les plus inaccessibles. C’est s’en émerveiller à chaque nouvelle perle découverte. Aimer l’âme d’une personne, c’est accepter la totalité de son être, corps et esprit, avec ses défauts et ses qualités, ses différences, ses imperfections, ses limitations, ses zones d’ombre autant que ses éclairs de lumière. Aimer l’âme d’une personne, c’est, de ses propres rayons, capter la vibration des siens et s’en sentir transporté et submergé de bonheur infini.

   Quand on a touché l’âme d’une personne, c’est que l’on a tissé entre elle et sa propre âme un lien hors de l’espace et du temps, aussi solide que le roc, indestructible, éternel. Personne ne peut rompre ce lien, y compris soi-même par peur de perdre sa liberté. Un être peut rompre ses liens avec un autre, avec ou sans son consentement, mais leurs âmes, elles, si elles ont été connectées un jour, le resteront pour l'éternité. Les liens d’âme ne sont pas des chaînes de prisonniers, nulle crainte à avoir, car aucune âme ne peut être emprisonnée. Notre âme est la représentation holographique du divin en nous, elle en possède les qualités extraordinaires. Elle vibre sur une autre fréquence, là où l’ego n’est pas, là où règne l’harmonie universelle. Aimer l’âme de quelqu’un, c’est toucher au sacré du divin.

   C’est pourquoi aimer l’âme de quelqu’un, c’est aimer vraiment.

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