L'aube fleurie

L'aube fleurie

Vive le printemps !

 

Aujourd'hui, c'est le printemps, et c'est aussi celui des poètes. 

Pour le plaisir de vos yeux et de votre âme,

voici deux poèmes célèbres pour fêter cette odorante et musicale saison !

 

 

Premier sourire du printemps

 

 

Tandis qu’à leurs œuvres perverses

Les hommes courent haletants,

Mars qui rit, malgré les averses,

Prépare en secret le printemps.

 

Pour les petites pâquerettes,

Sournoisement, lorsque tout dort,

Il repasse des collerettes

Et cisèle des boutons d’or.

 

Dans le verger et dans la vigne,

Il s’en va, furtif perruquier,

Avec une houppe de cygne,

Poudrer à frimas l’amandier.

 

La nature au lit se repose ;

Lui, descend au jardin désert

Et lace les boutons de rose

Dans leur corset de velours vert.

 

Tout en composant des solfèges,

Qu’aux merles il siffle à mi-voix,

Il sème aux prés les perce-neiges

Et les violettes aux bois.

 

Sur le cresson de la fontaine

Où le cerf boit, l’oreille au guet,

De sa main cachée il égrène

Les grelots d’argent du muguet.

 

Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,

Il met la fraise au teint vermeil

Et te tresse un chapeau de feuilles

Pour te garantir du soleil.

 

Puis, lorsque sa besogne est faite,

Et que son règne va finir,

Au seuil d’avril tournant la tête,

Il dit : « Printemps, tu peux venir ! »

 

Théophile Gauthier

 

 


 

Nuit de printemps


Le ciel est pur, la lune est sans nuage :

Déjà la nuit au calice des fleurs

Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ;

Aucun zéphyr n'agite le feuillage.

Sous un berceau, tranquillement assis,

Où le lilas flotte et pend sur ma tête,

Je sens couler mes pensers rafraîchis

Dans les parfums que la nature apprête.

Des bois dont l'ombre, en ces prés blanchissants,

Avec lenteur se dessine et repose,

Deux rossignols, jaloux de leurs accents,

Vont tour à tour réveiller le printemps

Qui sommeillait sous ces touffes de rose.

Mélodieux, solitaire Ségrais,

Jusqu'à mon cœur vous portez votre paix !

Des prés aussi traversant le silence,

J'entends au loin, vers ce riant séjour,

La voix du chien qui gronde et veille autour

De l'humble toit qu'habite l'innocence.

Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds !

Parmi les cieux à l'aurore entrouverts,

Phébé n'a plus que des clartés mourantes,

Et le zéphyr, en rasant le verger,

De l'orient, avec un bruit léger,

Se vient poser sur ces tiges tremblantes.


François-René de Chateaubriand 

 

 

 




20/03/2013
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