L'aube fleurie

Image Pixabay 

Si le chant du coucou te réveille un matin

Et qu'en lui tu entends le printemps s'égayer,

Quand le cri d'aigle fou de ce monde incertain

Plane au-dessus des vents, assombrissant les prés,

Tu es un homme heureux.

Si le blanc liseron naissant au doux soleil

Te met les larmes aux yeux, t'éblouit, t'émerveille,

Quand les murs de béton font obstacle à l'éveil,

Que le sol malheureux aspire à l'eau du ciel,

Tu es un homme heureux.

Si tu peux t'enivrer du parfum de la rose

Quand elle déploie son cœur avec sensualité,

Pendant que dans les prés, les noirs poisons s'opposent

Au bonheur d'habiter un monde de beauté,

Tu es un homme heureux.

Si tu peux de ton doigt effleurer le courant

D'une rivière bleue, fière de son destin,

Quand les grains durs et froids d'un acide brûlant

Retombent dans le creux de coupables festins,

Tu es un homme heureux.

Si tu peux goûter au nectar enjôleur

D'un fruit gorgé de vie et de saveur juteuse,

Tandis que les vergers se peuplent d'imposteurs,

Que les abeilles prient pour leur mère porteuse,

Tu es un homme heureux.

Mais ce bonheur a un prix :

Celui du témoignage

Et du combat pour la vie.

MPV