L'aube fleurie

L'aube fleurie

Orage

Défi n°279  : Orage

Mots à insérer :

Temps lampe fenêtre arbre lourd

bruit rue instant peur entendre

 

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   Il faisait excessivement chaud. C’était la canicule, ici comme sur une grande partie de la France. Le temps était lourd, étouffant, asphyxiant même. Chacun mesurait ses gestes, de peur de transpirer davantage en son corps déjà moite. L’air était chargé d’électricité, on sentait venir l’orage, on l’espérait, on l’attendait, fenêtres grandes ouvertes. Ou plutôt on attendait la pluie qui l’accompagnerait. Je crois que je n’ai jamais souhaité l’arrivée d’une averse avec autant d’impatience. Le matin même, je regardais avec désolation les arbres de mon jardin, leurs feuilles desséchées jonchant la pelouse jaunie, et je me souviens d’avoir transmis un message télépathique à l’un d’entre eux : « ne t’en fais pas, va, la pluie sera bientôt là. » Vous me croirez si vous voulez, mais juste après ces quelques mots, une légère brise a fait bouger ses branches. C’était comme si la nature me répondait.

 

    Quelques minutes plus tard, la petite brise s'est transformée peu à peu en un vent fort, pendant que le ciel se chargeait de gros nuages noirs. On l’entendait déjà gronder au loin et l’on pouvait voir les éclairs zébrer le ciel, tandis qu’un silence étrange descendait sur la terre, sur les champs, les jardins, les rues… Le ciel était si noir qu’on se serait crû en pleine nuit, au point de devoir allumer les lampes. Mais nulle lampe allumée chez moi, en tout cas. Je préférais goûter à satiété, dans la pénombre, immobile et silencieuse, cet événement tant attendu de l’arrivée de l’orage. Il ne s’est pas fait attendre longtemps. Un bruit de tonnerre assourdissant a retenti soudain juste au-dessus de ma tête, me faisant sursauter, tandis qu’un éclair éblouissait le ciel tout autour et au-dessous. Puis, l’averse tant attendue a déversé ses bienfaisantes eaux sur la terre et les végétaux. Tout doucement, l’air s’est rafraîchi, pas au point qu’il faille se vêtir un peu plus, mais après cette permanente touffeur des derniers jours, cette brise chargée de gouttelettes parfumées de terre et de verdure m’a procuré un bien-être inestimable. J’ai poussé un profond soupir de satisfaction qui voulait dire merci. Merci, merci !

 

   Puis l’orage a poursuivi sa route, la pluie a cessé. Je suis sortie sur la terrasse pour profiter plus intensément encore de cette fraîcheur bienvenue. La température était vraiment très élevée avant l’orage, et même si elle venait tout à coup de baisser d’au moins dix degrés, l’air était encore chaud. De la terre s’élevait maintenant dans les airs une vapeur parfumée d’humus, de foin, de feuilles et de fleurs, dans un silence apaisant. Confortablement installée sur un fauteuil de jardin, j’étais en train d’apprécier sereinement ces instants, le sourire aux lèvres, lorsqu’est parvenu soudain à mes oreilles un petit bruit familier : le caquètement d’une poule. Puis d’une autre, puis d’une autre encore. Quelques secondes plus tard s’égosillait toute une basse-cour, suivie du beuglement des vaches, du hennissement des chevaux, du bêlement des moutons… Les animaux étaient heureux et s’exprimaient à leur manière dans un puissant hymne à la joie. Ils remerciaient sans doute cette pluie providentielle venue les abreuver et les délivrer de leur torpeur.

 

   Émerveillée par ce concert improvisé, je me suis dit à cet instant, un grand sourire au fond du cœur : si seulement les hommes pouvaient exprimer leur gratitude envers les bonnes choses de la vie avec autant de force et d’enthousiasme !

 

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17/08/2020
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