L'aube fleurie

  Les mots sont les fenêtres de la pensée, comme les yeux sont les fenêtres de l’âme.

  Les uns et les autres ouvrent notre monde intérieur sur le monde extérieur.

  Ils peuvent être redoutables comme ils peuvent être porteurs de lumière. Noircir ou éclairer. Enlaidir ou embellir. Semer le bon grain ou l’ivraie. Tout bouleverser en un gâchis épouvantable ou habiller le monde d’une robe d’amour.

  Si les yeux sont embués parce que les âmes sont tristes, ils ne perçoivent du beau panorama fleuri devant eux qu’un paysage plongé dans la brume.

  Si les yeux lancent des éclairs, parce que l’âme est en colère, ils ne voient du torrent de montagne qui arrose la vallée que ses eaux tumultueuses noyant le nageur inconscient.

  Si les mots sont négatifs, parce que les pensées le sont, ils s’expriment par des actes qui leur correspondent, eux-mêmes entrainant les réactions négatives des autres, et ainsi de suite. C’est alors que l’on voit émerger devant soi, impuissant, ce monde ténébreux et froid dont on ne voulait pas. Celui-ci rassemble maintenant, en un tourbillon incessant, les milliers d’actions funestes, nées de mots malheureux, eux-mêmes engendrés par les pensées néfastes que la conscience déconnectée de l’Amour susurre à l’oreille de celui qui l’écoute.

  C’est la loi de cause à effet.

  Que faire alors ? Tuer le mal à la racine en chassant les pensées négatives ? « Chassez le mal, il revient au galop ». Et plus on peine à y arriver, plus on se plaint d’échouer, plus on insiste, plus les pensées s’accrochent comme des mouches insistantes un soir d’orage. Plus on persiste, plus elles s’énervent. Elles filent à une vitesse folle, se croisent, se mélangent, piquent, agacent désespèrent.  

  La meilleure manière d’arrêter cette valse étourdissante, c’est, au contraire, de laisser venir à soi ces pensées négatives. De les accueillir tranquillement. De les recevoir aimablement comme on recevrait des invités, avec le sourire et sans animosité, mais de les laisser repartir aussitôt vers leur univers, qui n’est pas le nôtre, parce qu’elles ne nous ressemblent pas et que nos attentes sont autres, tout comme notre univers à nous n’est pas le leur non plus. Ainsi, chaque entité retourne à ce qui lui correspond.

  Une fois ce processus terminé, on peut alors préparer avec sérénité l’avenir radieux que l’on souhaite au plus profond de soi, plus rien ne peut faire obstacle à ces mots de lumière dont on espère avec force la toute puissance salvatrice en soi et autour de soi.

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