L'aube fleurie

L’air m’a dit : « Respire-moi à pleins poumons, sinon, pourquoi donc existerais-je ? »

Alors j’ai respiré, et ses particules de vie m’ont hissée jusqu’au sommet de la montagne.

Le soleil m’a dit : «  Tourne-toi vers moi et ferme les yeux, laisse-moi réchauffer ta peau. Sinon, à quoi me serviraient mes rayons ? »

Je l’ai écouté, j’ai levé mon visage vers lui et j’ai fermé les yeux. La douceur de ses rayons, dans le petit matin, m’a plongée dans un doux halo de paix.

L’oiseau m’a dit : « Arrête-toi de penser, écoute-moi chanter. Sinon, pourquoi ferais-je autant d’efforts pour donner à mes notes un doux son angélique ?

Alors je l’ai écouté. Et soudain, toute la nature autour de moi a semblé se diluer amoureusement dans son chant.

L’arbre m’a dit : « Touche-moi un instant. Sinon, pourquoi me trouverais-je là, sur ton chemin ? Pourquoi mes branches se tendraient-elles vers toi ?

Alors je me suis approchée, et non seulement l’ai-je touché mais je l’ai enlacé. Et j’ai senti l’énergie de sa sève se mêler à mon sang. Je me suis sentie régénérée, rassérénée. J’ai savouré mon appartenance et mon union au monde vivant.

La biche m’a dit : « Regarde-moi. Ne suis-je pas belle en ma liberté ? Ne suis-je pas l’élégance et la grâce ? Pourquoi serais-je là, devant toi, aujourd’hui, sinon pour le plaisir de notre rencontre ? »

Je l’ai observée attentivement. J’ai croisé son regard quelques secondes. Et ce fut là un instant magique.

La rose m’a dit : « Regarde-moi et respire mon parfum. Pourquoi me dresserais-je fièrement dans le ciel d’azur, mêlant ma belle couleur rouge à son bleu infini, sinon pour le plaisir de ton âme d’esthète ? »

Alors je l’ai admirée. Et c’était vrai qu’elle était belle. Et c’était vrai qu’elle sentait bon.

En ce lumineux matin d’été, tout était parfait.

Martine PV