L'aube fleurie

L'aube fleurie

Les mots tus

 

Elle sait.

Il sait qu’elle sait.

Elle sait qu’il sait qu’elle sait.

Mais ils se taisent.

Les mots s’éteignent avant que d’être dits.

Les mots affleurent, puis s’évanouissent.

Les mots meurent sur leurs lèvres pâlies.

Les mots non dits les asphyxient.

Les mots meurent de leur peur des mots.

Leurs mots tus deviennent maux qui tuent.

 

Il sait qu’il devrait parler.

Elle sait qu’il sait qu’il devrait parler.

Il sait qu’elle sait qu’il sait qu’il devrait parler.

Mais il se tait pour ne pas la blesser.

Et elle se tait pour ne pas le brusquer.

Tout doucement, le silence s’installe.

Il s’étale, et s’étale, et s’étale…

Son brouillard les enveloppe

d’une angoissante immatérialité.

 

Pourtant…

Au cœur même de l’inquiétude,

Là, dans l’œil du cyclone de leurs cœurs torturés

Se produit le miracle.

Le silence est le maître.

Le silence est la clé.

Le silence est la voie.

Le silence est leurs voix.

Le silence est un chat qui ronronne

Près de l’âtre qui s’éteint.

Le silence est un chant éternel

Dans le bruit inutile.

Le silence est un lac endormi

Dans le soleil couchant.

Et les mots se diluent

dans l’onde qui scintille.

Les mots deviennent pépites de soleil

D’un bonheur anonyme.

Un bonheur qui se terre,

un bonheur qui se tait,

mais qui palpite et tremble

au-delà des non dits,

au-delà de la mort des mots.

Un silence qui endort,

mais qui sourd et unit,

plus fort que tous les mots,

Vainqueur de tous les maux,

par l’osmose de leurs âmes,

qui savent depuis toujours

ce que leurs mots ignorent.

La vérité de leur silence

a avalé les maudits mots non dits

et l’amour est vainqueur.

 

MPV

 

 

 

 

 

 



06/05/2023
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