Les mots
Elle aimait ces rendez-vous magiques avec lui, de la première seconde où elle tenait son âme entre ses mains, jusqu’à l’ultime, où les paupières de ses yeux fatigués se fermaient toutes seules. Alors il tombait de ses mains et elle s’endormait sur ses mots de vie et d’amour, ses rivières de tendresse, ses montagnes de douceur, ses soleils de minuit, ses roses d’hiver. Avec lui le temps s’arrêtait et tout devenait possible. Les arbres pouvaient voler, puisque les oiseaux leur montraient comment faire. La lune chantait avec les étoiles. Le loup souriait à l’agneau et l’agneau aimait le loup. Dans son univers, on ne cueillait pas les fleurs, on les caressait du regard et elles étaient heureuses d’enchanter la vie.
Mais si elle aimait lire les mots, elle aimait aussi les écrire. Et quand elle les écrivait, alors là, il lui poussait des ailes. Elle s’envolait avec eux. Devenait même leur guide. Elle était le mot sauvage de tête, volant en formation avec tous les autres mots, jusqu’au cœur des nuages. Elle ne leur ordonnait rien, ils la suivaient simplement, confiants, apaisés par son silence éclairé.
Ainsi, les mots étaient à la fois ses guides et ses ailes.
Ses condiments.
Ses fruits sucrés.
Ils aimaient la bataille autant que la douceur des nuits étoilées dans les parfums d’été.
Les mots ne l’avaient jamais trahie. Ni abandonnée. Sans doute s’étaient-ils échappés de temps à autre pour chercher le soleil et puiser à ses rayons l’énergie de revenir. Ils avaient goûté à l’autre dimension, mais toujours ils lui étaient revenus.
Les mots dansent comme des lucioles dans la nuit.
Virevoltent sous nos yeux émerveillés.
Nous attirent derrière eux vers ces mondes parallèles où nous aimons rêver.
Les mots naviguent sur la mer des pensées, leurs voiles dansant dans le vent des espoirs. Ou bien ils s’envolent avec la brise, traçant derrière eux l’onde parfumée des fleurs de l’Amour.
Les mots sont des soleils pour nos cœurs fatigués.
Les mots sont des nectars veloutés sur nos âcres pensées.
Ils font le jour dans la nuit des non-dits. Ils font la nuit étoilée dans le jardin des songes.
Les mots rêvent pour nous et leurs âmes nous rejoignent dans cette voie lactée où se perdent les nôtres.
Mais si les mots sont si puissants, c’est parce qu’ils s’abreuvent de silence.
MPV
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