L'aube fleurie

L'aube fleurie

Le secret

 

 

Il était si petit…on aurait dit une aile

De jeune libellule éclatée en plein vol.

Il fit entendre un cri, le temps d’une étincelle,

Enfermé dans sa bulle, étouffant sous son col.

 

Il était si petit quand il a commencé

Son périlleux voyage au pays des non-dits,

Là où n’est interdit que ce qui fait pleurer

Et conduit au naufrage apeuré de l’esprit.

 

Il était si petit qu’on ne l’entendait pas

Quand il se faufilait entre les bonheurs tendres,

Redoutant d’être pris à chaque nouveau pas,

Que toujours il faisait, n’en pouvant plus d’attendre.

 

Il était si petit… mais il devint si grand,

À force de silence, d’errements éternels,

Qu’un jour il se maudit, tout seul en ses tourments.

Grande était sa souffrance assombrissant le ciel,

 

Car plus il se taisait et plus il grandissait,

Le monde allait bientôt ne plus le contenir,

Tant il gonflait, gonflait, tant il se dépassait,

Plus haut, toujours plus haut, jusqu’au ciel des soupirs.

 

Il vivait sous un ciel qui n’était pas le sien,

Il mettait de la pluie dans les yeux des enfants,

Sa sombre ritournelle attisait les chagrins

Et plongeait dans l’oubli la passion des amants.

 

Il était comme une ombre obscurcissant la terre,

Étouffant la candeur des roses de l’amour,

Un coffre qui encombre et couvert de poussière,

Qu’on épie de sa peur en en faisant le tour.

 

Il aurait tant aimé qu’en ce vent forcené

Malmené par la mer aux vagues endiablées,

Vienne une douce fée, de lui le délivrer

Et changer son mystère en belle liberté.

 

Le miracle arriva quand la fée se pencha

Sur le petit secret qui avait tant erré.

Sur son cœur elle souffla ses paillettes de joie

Qui le tinrent éveillé le temps de la soufflée.

 

Alors sous ses yeux d’or qui versaient la lumière

Sur tout être aspirant à la paix dans l’amour,

Le secret, sans remords, s’éleva dans les airs

Et rejoignit le vent, pour y rester toujours.

 

 

 

Mais ce n’était que rêve en l’âme d’une fée,

Car le petit secret voulut rester secret,

Au printemps qui s’achève et d’été en été,

Jusqu’à l’éternité d’un hiver sans gaieté.

 

Peut-être bien qu’un jour le secret comprendra

Que son ciel n’est pas là, et qu’en le rejoignant

En éternel amour il se transformera

Libérant les cœurs las tout en se délivrant.

 

MPV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



11/06/2019
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