Le café
Dix mots à insérer :
Grande, Platane, Terrasse, Savoure,
Intense, Yeux, Passe, Pigeons, Miettes, Sacré...
Il m’attendait. Tous les après-midi après la fin des cours il m’attendait. Avec sa musique, ses rires aux éclats, ses parfums mêlés de café, de bière, de grenadine et de tabac. Avec son jukebox, sa table de billard, son babyfoot… J’arrivais en Cady, une mobylette à la mode à l’époque. Je la garais contre le platane à côté de son pignon, enfin… quand personne ne l’avait fait avant moi. Puis dès que je pénétrais dans sa grande salle pleine de bruits, je me réjouissais à l’avance du moment joyeux que j’allais y passer. Car il m’attendait de toute sa joie. Il m’attendait vraiment, ce sacré café. Celui de mes premiers élans, mes premiers envols, ma première liberté, mes premiers émois, mes premiers chagrins d’amour ou d’amitié aussi.
Et puis surtout, lui aussi m’attendait. Lui, mon premier amour, avec son sourire et ses beaux yeux bruns au regard intense. Qu’il fût à l’intérieur les jours de pluie où installé sur la grande terrasse en train de distribuer des miettes de pain aux pigeons, il m’attendait. Avant même que nous ayons fait connaissance, il me guettait déjà. Il attendait que je passe devant le café, cheveux au vent sur mon Cady. Et moi, timide, je faisais semblant de ne pas le remarquer. Je poursuivais fièrement ma route.
Jusqu’à ce jour où je tombai en panne juste devant lui. Galamment, il vint vers moi pour me proposer son aide. « Je suis un peu mécano, me dit-il, tu veux bien que je regarde ? » Un peu méfiante tout de même, je le scrutai tout d’abord d’un regard suspicieux. Puis ne trouvant dans les siens rien qui fût alarmant, j’acceptai son aide. Quand il eut fini de réparer mon Cady, il m’invita à boire un verre avec lui. Il avait ses habitudes dans ce café où il rejoignait tous les jours ses amis après ses cours au lycée, pour une partie de billard ou simplement pour écouter de la musique en buvant un verre.
Notre premier rendez-vous fut un moment d’émotion intense, que je savourai avec cette béatitude qui sied aux amoureux. Comme vous vous en doutez, ce rendez-vous fut le premier de beaucoup d’autres. Ses amis devinrent les miens. La franche et saine camaraderie qui les liait tous me faisait un bien fou. Nous nous amusions de tout et de n’importe quoi. La moindre chose pouvait provoquer nos éclats de rires joyeux. Comme toujours pour les adolescents heureux de vivre. C’était l’année de mes seize ans et j’étais amoureuse. Tous les jours j’attendais impatiemment le moment de me rendre au café.
Et le café, lui aussi, m’attendait…
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