L'aube fleurie

Un flot d’émotions la submerge subitement. Si fort qu’elle voit même la cascade fondre sur elle tout à coup et l’inonder d’une eau pure et salutaire. Il semble que s’ouvre la montagne et que tremble la roche. Elle pleure les larmes de la source, la sienne, celle qui se niche au creux de son cœur, et celle qui jaillit de la roche. Elle est cette eau qui se jette dans la vie et la recouvre de son parfum. Ce qu’elle vient d’apprendre l’a saisie comme la glace saisit le printemps en un sursaut d’hiver. Comme la lave du volcan saisit la vallée fleurie. Comme la mer en furie saisit la rive calme d’un été sans histoire.

Flot d’émotions que rien n’arrête, pas même la douce voix du vent dans les roseaux au clair de lune de la tendresse. Gouttes vertigineuses de la passion qui éclaboussent de tristesse l’étang calme et tranquille. Mais qui surgit parce que c’était écrit. Et qui demeure, et qui s’entête, et qui mourra peu à peu en arrivant dans le lit de l’oubli. Qui serpentera jusqu’au lac du bonheur où viendront glisser, tranquilles, les cygnes pacifiques, où viendront s’abreuver les oiseaux, les biches et les loups et où marcheront, main dans la main, les amoureux éternels.   

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