L'aube fleurie

L'aube fleurie

Entre ici et là-bas

 

 

Sur cette arche bondée de la dernière chance,

Il va et vient, revient, vers un homme, une femme,

Un garçon apeuré, une fillette en larmes,

Il prodigue ses soins, et le bateau avance

 

Sur cette mer houleuse aux embruns de l’espoir,

Que des êtres perdus ont pris pour leur salut,

Leur destinée heureuse après l’effroi, le noir,

La misère étendue sur l’ensemble des rues.

 

Le passeur leur a dit : entre ici et là-bas

C’est l’enfer, le néant, les cendres et la poussière,

Et puis le paradis au jardin de la joie.

Avancez droit devant sans regarder derrière.

 

Alors ils sont partis, les pieds nus, sans valise,

Leurs enfants sous le bras et le cœur palpitant,

Sur ce rafiot maudit qui tanguait sur l’eau grise,

Sous le terrible poids de leurs corps se serrant.

 

Quelques-uns sont tombés dans les flots mugissant,

Vainement ont tendu leur bras vers le bateau,

Puis sous l’œil angoissé de leurs chers survivants,

Très loin ont disparu, sous la voûte des eaux.

 

Tout à coup une corne a sonné dans la nuit,

Un bateau de l’espoir a surgi, insensé !

A tendu une corde au rafiot interdit.

Main à main, dans le noir, ils ont tous abordé.

 

Et il leur a souri, de ce sourire-cœur

Qui fait chaud, qui rassure et donne envie de vivre,

Et il leur a transmis par sa voix le bonheur

À la juste mesure de l’espoir qui enivre.

 

Mais maintenant ses yeux ne pleurent plus de joie,

Il peine à retenir ses larmes de tristesse,

Ils sont si malheureux, désespérés déjà…

Pourquoi, comment leur dire que la belle promesse

 

En ce moment rejoint leurs malheureux défunts

Sous les flots ténébreux qui étouffent leurs cris,

Car sur la côte, au loin, qui se rapproche enfin,

D’eux personne ne veut. Et l’espoir s’assombrit…

 

Mais sur le pont, soudain, le message est tombé :

Ca y est, enfin, c’est l’heure, ils peuvent accoster.

Dans leurs yeux, ce matin, plus d’ombre du passé.

Dans ceux du sauveteur, l’éclat d’un jour d’été.

 

 

 

 

La terre est assez grande pour y loger tous les humains.

Mais nos cœurs seraient-ils trop petits pour leur tendre la main ?

Non, bien sûr que non, ils ne le sont pas, et nous le savons tous.

Puisque nous sommes tous UN et que tous les cœurs unis

Font le cœur de l’humanité tout entière.

 

MPV

 

 

 



15/08/2018
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