L'aube fleurie

L'aube fleurie

Bonheur et vérité

 

 

La vérité se trouve-t-elle dans ce qui nous rend heureux ?

 

  On peut, à juste titre, s’interroger sur l’état actuel de notre planète, et se demander alors combien d’espoir il nous reste encore à propos de notre humanité.

 

  J’ai foi en la vie, en l’univers, en son créateur, en la nature, en tout ce que le vivant contient encore de vérité, c’est-à-dire en tout ce qui demeure authentique, stable, positif et apaisant, quoi qu’il arrive. Ceci sur le plan du principe vital, bien entendu, parce que sur celui de la manifestation dans la matière, dans laquelle, malheureusement, intervient l’être humain, c’est une toute autre histoire. C’est beaucoup moins stable, disons le franchement, c’est même de plus en plus souvent chaotique. Combien de nous, en ce moment, ont besoin d’entendre des mots d’espoir et de réconfort, et je me demande moi-même parfois comment j’arrive encore à traverser sereinement cette époque pour le moins étrange.

 

  Beaucoup d’entre nous sont tentés de qualifier notre société humaine de « décadente ». Avec son lot d’incohérences, d’absurdités, voire de non-sens absolu, elle n’offre guère, et encore moins aux jeunes générations, l’assurance que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Au vu de ce que le cœur humain contient encore de haine, de cupidité, d’amour du pouvoir, de désir de nuire, parfois même gratuitement, comment pourrait-on faire un autre diagnostic que celui-là, même si, bien entendu, des centaines de milliers d’autres cœurs humains abritent quant à eux l’amour, la paix, la douceur, la sérénité ?

 

  Il suffit d’observer le monde pendant quelques instants pour être à même de constater objectivement les résultats des activités humaines sur notre environnement. Inutile de discourir pendant des heures sur le sujet. À part quelques climato-sceptiques encore dans le déni de ce qui leur fait tout simplement peur, chacun d’entre nous est bien conscient aujourd’hui de l’état catastrophique de notre planète et de la souffrance des espèces animales qui la peuplent. Tout le monde peut voir aussi ce que sont obligés d’endurer des milliers de gens, plus seulement à l’autre bout de la planète, mais plus près de chez nous également. Est-il encore possible d’être heureux face à ce constat ? Et si malgré tout on est heureux quand même, notre bonheur n’apparaît-il pas égoïste et indécent, au regard de toutes ces populations qui souffrent déjà de la dégradation progressive de notre planète, et sont contraints à la famine, à la maladie, jusqu’à la mort parfois, à cause des pénuries d’eau potable, d’aliments et de produits de première nécessité, sans compter les épidémies liées aux virus émergents ?

 

  Je me suis souvent posé ces questions, comment ne pas se les poser ? Les souffrances humaines et animales me touchent, comme elles touchent beaucoup d’entre nous. Bien des fois je me suis sentie privilégiée, au point de me demander si j’avais le droit d’être heureuse quand d’autres ne le sont pas. Le bonheur individuel est-il réellement possible si un seul des êtres humains de cette planète ne l’est pas ?   Puisque nous sommes tous UN, comment ne ressentirions-nous pas en nos propres corps et esprits la souffrance des autres ?

 

 Et puis un jour, je me suis interrogée sur la véritable définition du mot "bonheur". Je m’empresse d’ajouter que je ne l’ai pas trouvée, sachant que le concept même de bonheur est très variable selon les individus, les civilisations, les époques... Alors je me suis contentée de définir quelle en est ma conception personnelle, et pour commencer, je me suis demandé si le bonheur est directement lié à notre existence sur terre, à la manière dont nous vivons, à nos interactions avec les autres. Ma vision personnelle est que, dans sa conception universelle, le bonheur se trouve sur un autre plan que celui de nos considérations terrestres. Je pense que le bonheur n’est pas ce concept illusoire lié aux effets plus ou moins positifs de nos pensées et à leurs concrétisations dans la matière. Pour moi, le bonheur est un état d’être. Autrement dit, il ne dépend ni des autres ni des considérations extérieures, il est en nous. Ou il ne l’est pas. Par l’effet de notre choix personnel d’être heureux ou de notre abdication automatique à chaque aléa négatif. Je pense que la substance même du bonheur, si tant est, évidemment, que le bonheur ait une substance, est faite d’apaisement et de sérénité, de constance dans la douceur et l’espérance, et ceci quelles que soient les circonstances extérieures, même les pires d’entre elles. Tout ceci est, je le crois, consubstantiel à une certaine forme particulière de spiritualité. Celle-ci ne se situerait pas au même niveau que toutes les autres, ni à celui des considérations extérieures auxquelles nous sommes généralement habitués sur le plan social, familial, culturel ou religieux, mais elle siègerait à l’intérieur de nous, là où se trouve notre conscience du monde, notre conscience d’être, notre conscience de la liberté, de la vie exprimée dans la matière par la force toute puissante de l’amour. Là où se trouve notre conscience du Soi, laquelle est le miroir de la conscience globale. C’est en tout cas ce que je crois et ce que j’expérimente et exprime au quotidien à travers mes choix, que ce soit en paroles, en écrits ou en actes.

 

  La foi qui m’anime est basée sur une forme de spiritualité « libre ». Elle est détachée des diktats tyranniques de la pensée cartésienne qui continue à nier arbitrairement toute probabilité de déité, même si l’existence ou la non-existence d’un Divin créateur n’a jamais pu être prouvée scientifiquement. Ma foi est tout aussi détachée de la pensée religieuse traditionnelle, dès lors que ses défenseurs usent farouchement de prosélytisme ou, de façon plus sectaire encore, veulent imposer arbitrairement, voire de façon extrémiste, leur manière de penser.

 

  Quand on considère toutes les dérives sectaires et les conflits guerriers liés à ces idéologies diverses qui ont jalonné l’histoire de l’humanité, toutes époques et nations confondues, on peut affirmer sans risque d’erreur qu’elles ont failli, à un moment ou à un autre, à la mission qu’elles s’étaient donné à l’origine, de rendre les hommes libres et heureux. Elles les ont même rendus serviles et très malheureux, bien souvent. Certaines le font encore aujourd’hui. Je crois que toute idéologie, philosophie, religion, devrait avoir pour rôle majeur de guider chaque être humain vers la conscience de soi et l’expression de son être authentique, lequel est divin par nature. Les meilleurs guides spirituels et les vrais sages, tels que l’étaient Jésus de Nazareth, Bouddha et d’autres grands maîtres, sont parvenus et parviennent encore à faire cela aujourd’hui, à travers les écrits qu’ils nous ont laissé, en invitant chaque individu à prendre conscience de sa part divine, de sa liberté et de son pouvoir créateur. C’est l’amour en action. L’amour qui libère. L’amour qui donne confiance en soi. Toute autre interaction qui ne respecte pas ces derniers critères ne provoque selon moi qu’enfermement de l’être humain dans une cage de soumissions aliénantes, pendant que ses propres pensées divines ont été capturées. Reconnaissons que ces esprits castrateurs, souvent par ignorance d’ailleurs, sont encore très nombreux aujourd’hui, hélas, et ne parviennent à conduire leur fidèles que sur le chemin d’un bonheur factice.

 

  On peut alors légitimement se demander si, finalement, la science n’est pas plus proche du bonheur que toutes les idéologies et religions diverses, puisque elle, au moins, s’appuie sur des faits concrets, indiscutables, en apportant des réponses sûres et fiables, prouvées scientifiquement, et auxquelles on peut donc se raccrocher pour plus de sérénité, sans risque de conflits. Ce bonheur auquel nous aspirons tous tellement ne pourrait-il donc être lié qu’à la Vérité de la chose prouvée ?

 

  Certes, si l’on considère la Vérité du point de vue des manifestations et des procédés qui ont pu être prouvés scientifiquement, alors oui, la physique et la science, sans aucun doute, sont plus proches de la vérité que toutes formes de pensée philosophique ou religieuse. Toutefois, il convient alors d’expliciter ce que l’on entend vraiment par le mot « Vérité ». La vérité n’a-t-elle qu’une facette ? La vérité est-elle immuable ? La vérité est-elle exclusivement composée de tout ce qui a pu être prouvé scientifiquement, ou contient-elle également d’autres certitudes encore à l’état virtuel, susceptibles d’être prouvées demain ? Avant l’invention de la lumière électrique, l’homme ne connaissait que la vérité de la lumière naturelle.

 

  Ce qui m’amène à cette question : si dans l’absolu la vérité n’est pas tout à fait la vérité, puisqu’elle contient peut-être en elle-même des sous-vérités non encore révélées, est-il possible de se fier à cette vérité d’un instant qui demain pourrait évoluer vers une autre ? Et surtout, est-il possible de trouver le bonheur en se fiant à cette Vérité illusoire puisque impermanente ? En réalité, lorsque nous nous sentons heureux, est-ce vraiment parce que nous avons touché du doigt la vérité, puisque celle-ci n’est ni invariable ni éternelle ?

 

  Se pourrait-il alors que ce qui nous rend heureux soit plutôt niché dans l’espoir de ce que nous ressentons instinctivement au plus profond de nous-mêmes, bien que cela n’ait pas encore reçu l’aval de la preuve scientifique ? Le bonheur ne serait-il pas dans cette assurance aussi merveilleuse qu’insensée que ce que nous croyons aujourd’hui sera révélé demain et deviendra alors la nouvelle Vérité ? C’est la question que je me pose aujourd’hui, et qui d’ailleurs n’entame en rien mon sentiment de sérénité intérieure, car ce que je crois, autant que je le ressens et l’espère me remplit et me guide sur ma route. Ceci est à l’exact opposé, je pense, de ces milliers de choses matérielles qui en s’introduisant dans nos vies et nos esprits, par effraction bien souvent, en réalité nous vident et nous immobilisent dans l’illusion. Elles nous vident de toute substance, de notre Soi divin, de notre sève partagée avec tout le Vivant. Elles nous dépossèdent de la vérité de nous-mêmes.

 

MPV

 

 

 

"Nous utilisons les chiffres dans toutes nos théories, mais nous ne les comprenons pas, ni ce qu'ils sont, ni d'où ils viennent." 

Richard Feynma, prix  Nobel de physique en 1965.

 

"J'appartiens au nombre de ces chercheurs qui ne souscrivent pas à une religion conventionnelle, mais refusent de croire  que l'univers est un accident fortuit. L'univers physique est agencé avec une ingéniosité telle que je ne puis accepter cette création comme un fait brut. Il doit y avoir, à mon sens, un niveau d'explication plus profond. Qu'on veuille le nommer "Dieu" est affaire de goût et de définition. 

Paul Davies, professeur à l'université de l'Etat d'Arizona.

 

"Si les lois physiques sont telles que le démarrage de la vie est d'une probababilité excessivement basse, tellement basse qu'il ne serait pas raisonnable de supposer que la vie a pu commencer seulement par un pur hasard, alors il doit donc y avoir un Dieu."

Paul Dirac, en congrès en 1971

 

"Toute la matière trouve son origine et existe seulement en vertu d'une force. Nous devons supposer derrière cette force l'existence d'un esprit conscient et intelligent."

Max Planck, fondateur de la physique quantique

 

 



25/04/2022
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