L'aube fleurie

L'aube fleurie

La perle

 

Défi d'Evy n°293 : la perle

Mots à insérer :

Pluie essuyée rencontre matin rouler

velours amour pudeur coeur joie

 

 

Longtemps, longtemps, longtemps, elle est restée sur sa joue de velours, juste au-dessus de sa pommette. Comme suspendue au temps, au bord de cette ride témoin de la douleur qui un jour l’a fait naître. Longtemps elle a brillé dans la clarté du matin, avec fierté, avec ténacité. Elle ne voulait pas mourir, sa larme de joie.

 

Tant de nuages de souffrance étaient restés, interminablement, au-dessus de son visage, pendant tant d’années ! Tant de maux y avaient creusé des sillons auxquels s’étaient accrochées ses larmes de désespoir ! Chaque fois, il les avait prestement essuyées d’une main fébrile. Mais cette larme-là, cette perle d’amour et de tendresse, il va la laisser vivre encore un peu, sans honte ni pudeur. D’ailleurs, pourquoi résisterait-il ? Les larmes n’ont-elles pas été crées pour que l’on puisse libérer les trop-pleins d’émotion ? Que se passerait-il si l’on empêchait un fleuve de couler librement ? Lui, cette larme-là, il va la laisser parler, à travers chaque scintillement de ses pépites d’or reflétées par le soleil sur son visage transfiguré. Qu’elle chante ! Qu’elle danse ! Qu’elle rie ! Que sa lumineuse allégresse appelle à elle la pluie du printemps !

 

Rien n’est plus beau que la larme d’une renaissance qui contient en son eau une belle victoire. Elle est l’emblème du renouveau, de la résilience. Elle est perle de vie. Elle restera pour toujours le symbole de la plus belle des rencontres, celle que l’on fait avec son enfant intérieur, ce petit être autrefois solitaire et fragile devenu tout à coup fort et solide, qui nous prend par la main, qui nous prend par le coeur, y soigne nos blessures pour nous conduire enfin vers un nouveau destin.

En l’aube lumineuse et douce d’une larme de joie.

 

Un petit pli se forme à l’extrémité gauche de sa lèvre supérieure, puis à la droite. Très vite, un grand sourire illumine son visage, y créant des creux, des monts, des vagues. La larme se met alors à trembler sur sa base, puis se détache et roule lentement jusqu’au menton.

Il en recueille doucement l’eau bénie, de sa main allégée du poids des années difficiles.

 

C’était une larme.

Une simple larme.

Telle une perle elle a brillé.

Le temps d’un instant d’abandon bienheureux.

 

MPV

 

 

 



23/11/2020
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