L'aube fleurie

L'aube fleurie

Je n'ai pas le choix

 

 

 Il peut arriver parfois qu’au souvenir de l’une de nos décisions, ou en telle ou telle circonstance présente de notre vie, nous pensions : « je n’avais pas le choix », ou bien « je n’ai pas le choix ». Aussi, nous nous trouvons des tas d’excuses pour avoir fait ce que nous avons fait ou pour mettre en application ce que nous projetons de faire. Tout cela sans écouter ou avoir écouté notre petite voix intérieure qui nous dit ou nous disait « non, ceci n’est pas correct pour toi. Puis, plus tard, parfois beaucoup plus tard, nous réalisons avec dépit que nous aurions dû l’écouter, cette petite voix intérieure, tant qu’il était encore temps, car à présent nous sommes contraints de subir les conséquences de notre « mauvais » choix.

 

   Le problème, c’est que sur le moment nous n’avons pas l’impression de faire le « mauvais » choix, même si celui-ci sous-entend une perte quelconque, financière, professionnelle, familiale, sentimentale, ou autre, et génère donc un certain mal-être en nous. Nous nous rassurons en nous répétant le fameux « je n’ai pas le choix ». Puis nous portons sur nos épaules, sur une période plus ou moins longue, le poids de cette affirmation qui s'avère plus tard être source de regrets, de rancœur envers soi-même, de culpabilité…

 

   Ceci est vrai lorsque nous faisons ce choix pour la ou les « mauvaises » raisons, en préférant de ne pas nous écouter, et en cela de ne pas prendre soin de notre moi intérieur. Le choix du sacrifice, en quelque sorte. Et le sacrifice de soi, hormis lorsqu’il s’agit de préserver l’intégrité d’autrui, est toujours une mauvaise raison.

 

   Dans la vie, il est mille et une manières de se sacrifier, mais une seule source à l’origine de notre décision : les autres. Lorsque nous décidons de faire ou de ne pas faire ceci ou cela, nous le faisons presque toujours par convenance, soit pour répondre à certaines règles morales ou sociétales qui nous sont imposées depuis toujours, soit pour ne pas décevoir nos proches, ou pour les rendre heureux et satisfaits. 

 

   Or, il est une seule raison valable de se sacrifier pour les autres, c’est lorsque nous nous apprêtons à faire quelque chose qui risque de nuire à leur bien-être ou à leur intégrité. En ce cas précis, oui, il est correct et normal de réfréner ses désirs, ses pulsions et ses envies, au risque calculé et accepté de se frustrer soi-même. Ainsi qu’il est dit : « la liberté s’arrête là où commence celle des autres. »

 

   Mais dans tous les autres cas, choisir de renoncer à quelqu’un ou à quelque chose susceptible de nous rendre heureux, sans nulle autre raison que la bienséance ou le « qu’en-dira-t-on » ne peut que nous décevoir sur nous-mêmes à plus ou moins brève échéance, et nous remplir le cœur de cette rancœur corrosive qui ronge tout en soi et autour de soi.

 

   Prenons deux exemples précis :

 

   Une jeune fille à l’âme d’artiste, imaginative et créative, est élevée par des parents extrêmement pragmatiques qui ne jurent que par les affaires et les professions commerciales susceptible de rapporter beaucoup d’argent. La jeune fille aime beaucoup peindre. C’est en suivant un cours d’art plastique au collège qu’elle s’est découvert ce talent, et elle éprouve immédiatement le désir d’en faire son métier. Bien entendu, ses parents vont essayer aussitôt de l’en dissuader : « le métier d’artiste n’a jamais rien rapporté à personne, tu vas finir à la rue, ma pauvre fille, il ne te restera que tes yeux pour pleurer. Allez, cesse ces bêtises. La peinture, pff…»

 

   La jeune femme sait que d’une certaine façon ses parents ont raison, les artistes-peintres roulent rarement sur l’or, et sont encore plus rarement reconnus pour leur talent. À aucun moment elle n’a prétendu vouloir en faire son unique source de revenus. Seulement, ce qu’elle va retenir et qui l’aura blessée parce qu’elle aura pris ces mots pour une attaque personnelle, ce sont le « pff » et « ma pauvre fille » méprisants de ses parents. À ce moment-là, elle aura le choix : ou braver leur mépris, ne pas tenir compte de leur avis et suivre son propre ressenti et sa passion, ou renoncer pour avoir la paix et retrouver un équilibre sécurisant en n’allant pas à l’encontre de l’opinion parentale. Si jamais elle a reçu une éducation religieuse très stricte à laquelle elle a l’habitude de se conformer, lui reviendront inéluctablement à l’esprit les paroles affirmant qu’il faut faire preuve d’obéissance envers ses parents, sous peine d’être sévèrement punie. Dans ce cas, à coup sûr elle optera pour le second choix.

   Pour s’apercevoir beaucoup plus tard, lorsque reviendra un jour le désir de peindre (car il reviendra, ce n’est qu’une question de temps), qu’elle a renoncé inutilement à quelque chose qui aurait pu la rendre immensément heureuse. La preuve, c’est qu’elle est en train de l’expérimenter, ce bonheur, à présent qu’elle a décidé de faire un nouveau choix. Celui d’exprimer enfin sa passion, sans plus aucune honte ni retenue, et surtout celui de s’affirmer enfin dans son authenticité en tant que personne indépendante et libre de sa vie et de ses choix.

 

   Prenons un autre exemple : un jour, un jeune homme célibataire tombe amoureux d’une jeune fille, célibataire, elle aussi. C’est le coup de foudre au premier regard. Puis, l’un et l’autre font plus ample connaissance, et se découvrent des milliers de points communs qui vont bien au-delà du simple hasard. À part un, un seul, mais totalement rédhibitoire pour le jeune homme, si versé dans la spiritualité qu’il a décidé de l’enseigner : les jeunes gens ont des religions différentes.

 

  Cela ne dérange pas du tout la jeune femme ni ne change absolument rien pour elle, à part le fait qu’elle refuse catégoriquement de se convertir uniquement pour se marier avec l’élu de son cœur. Selon elle, deux personnes peuvent très bien avoir des religions différentes et se marier quand même.  Sa réaction n’a rien que de très normal, donc, la conversion étant avant tout une question de conviction religieuse et non de confort personnel. Seulement, le jeune homme ne l’entend pas de cette oreille, et avance l’argument que lorsque l’on aime vraiment quelqu’un on est prêt à tout pour lui ou elle, et notamment à adopter sa religion.  La jeune femme, très amoureuse mais respectueuse d’elle-même et de ses croyances continue à refuser ce que lui demande son amoureux. L’avenir de leur couple tient alors entre les mains de ce dernier. Il va choisir de renoncer au mariage avec l’élue de son cœur, pour la seule raison qu’elle est de religion différente, renonçant aussi, probablement, et sans le savoir, à celle qui lui est destinée depuis toujours. Et c’est en toute bonne foi qu’il dira : « je n’ai pas le choix. » Et il croira obéir à Dieu en se soumettant à des règles et principes érigés depuis toujours par des hommes. Des règles tenues pour acquises et indétrônables de génération en génération, qui ont semé sur leur chemin des milliers de cœurs brisés. Cependant, désobéir représente pour le jeune homme ni plus ni moins que de se mettre à dos les anciens de son église, donc les représentants officiels de sa religion. Tout cela serait bien trop compliqué, et surtout, il serait sans doute obligé de renoncer définitivement à son sacerdoce. Par conséquent « il n’a pas le choix ». Toutefois, il va tout de même faire le choix de renoncer à son mariage et à la femme de sa vie.

 

   Plus tard, il unira sa vie à une jeune femme de même religion que lui qui lui donnera de beaux enfants. Il réussira à construire une vie satisfaisante, entre sa famille et ses obligations de représentant religieux. Il ne sera pas réellement malheureux, mais pas comblé non plus. Jamais il ne parviendra à oublier celle qui lui avait fait battre le cœur comme personne avant ni après elle.

 

  Aucun des deux choix n’est bon ou mauvais en soi, puisque choix délibéré il y a eu dans tous les cas, et que l’on peut toujours et à chaque instant faire un nouveau choix. Quoi qu’il en soit, l’expression « je n’ai pas le choix », dans la plupart des cas n'a pas de sens. Elle n’est qu'illusion et fuite de soi.

 

   Dans la vie on a toujours le choix. Quelles que soient les raisons que l’on se donne de faire ou de ne pas faire ce qui nous attire le plus et nous semble le meilleur pour nous, rien ni personne ne devrait nous dicter ce choix, car le seul valable est celui du cœur, et le choix du cœur est éminemment personnel. Le choix du cœur, c'est aussi celui de l'âme, et c’est celui de l’amour. Or, le choix de l’amour, quant à lui, ne peut jamais être un mauvais choix.

Car l’amour, c’est la vie,

La vie c’est la liberté,

Et pour ceux et celles qui pensent qu’une intelligence supérieure préside à tout ce qui existe en nous et autour de nous, et que je nommerai Dieu, mais que d'autres pourraient nommer Conscience Divine, Intelligence Universelle ou Soi Supérieur, 

La liberté c’est Dieu.

La liberté, c'est donc le soi.

Dieu est à l'origine de la création et de l'amour qui résident en soi de manière intrinsèque.

Ainsi le soi ne peut exprimer le contraire absolu de ce qu'il est sans non seulement se trahir, mais tout simplement s'annihiler.

On a toujours le choix, alors pourquoi attendre pour choisir de manière rélle ?

 

MPV

    

 



20/04/2024
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