L'aube fleurie

Je tangue sans bouger,

Étrange sensation…

Serait-ce toi, Gaïa,

Qui me fait cet effet ?

Ou mon cœur fatigué

Qui cherche une maison,

Qui cherche une raison

De vouloir battre encore

Pour un monde dément

Qui tue des innocents

Et laisse d’autres gens

S’éteindre lentement.

Si difficile parfois de résister

À ce dégoût qui nous submerge,

Quand le temps est au froid

Dans le cœur des hommes…

Mais là, dans l’instant,

On dirait que le temps

S’est arrêté de battre,

Pour me faire sentir

L’ultime seconde de vérité…

Et mon corps alourdi

Par l’effet des soucis,

Tout à coup devient

Léger, léger…

Étrange sensation

Qui ne dure qu’un instant.

Le futur au présent,

En une seconde happé

D’une merveille à venir,

En un instant surpris

D’un Eden indicible.

Petit clin d’œil de paradis

Dans le ciel vert-de-gris,

Qui me dit « marche encore,

Pour toi l’ici

N’est pas pour aujourd’hui,

Non, pas encore.

Dis-leur,

Dis-leur d’ouvrir leurs cœurs

Tant qu’il est encore temps,

Dis-leur que leur bonheur

N’est pas un pas perdu

Pour ceux qui ne l’ont plus.

Dis-leur que la terre

N’est pas trop petite

Pour y loger toutes les âmes,

Qu’à l’aube éternelle,

À l’heure dite,

Ils verront dans le ciel

La signature de leurs pensées

Et doucement se dessiner

Le pays qu’ils ont imaginé,

Soit pour la paix, l’harmonie et l’amour,

Soit pour l’inexorable retour

À leur corps esseulé.

Dis-leur qu’ils ne sont jamais seuls,

Bien qu’ils le croient,

Mais qu’ils le seront bientôt

S’ils ne voient

Ce qui appelle à leur mémoire

La première unité de l’histoire

Qui fit un jour du nid de l’humanité

Un havre de paix.

Dis-leur encore,

Dis-leur toujours,

Jusqu’à la dernière heure,

Jusqu’à l’ennui,

Jusqu’à plus soif,

Que l’Amour est le seul pays

Où vivre en harmonie,

Puis repose-toi

En attendant ce jour

Où tu pourras goûter enfin

Les fruits de ton amour.

MPV