L'aube fleurie

L'aube fleurie

Un Noël pas comme les autre (3ème épisode)

                        

  

 

 

 

 

Timidement, Marie s'approcha de la porte, et de son poing tremblant de froid, ne fit que l'effleurer en frappant. Rien ne sembla bouger de l'autre côté. Alors, elle recommença, plus fort. Après quelques secondes, la porte s'ouvrit. Un homme se tenait devant elle et la fixait avec de grands yeux stupéfaits. Elle eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que déjà, il la faisait entrer et l'entraînait vers la cheminée, tout en lui disant : « Vous parlerez plus tard, venez vous réchauffer ». En un rien de temps, il la délesta de son manteau, de son bonnet et de son écharpe, la fit asseoir sur un fauteuil et entreprit de lui enlever ses bottes. Quand ce fut fait, il s'attaqua à ses  chaussettes mais instinctivement, elle replia ses jambes sous elle.

-         Il faut les enlever, lui dit-il fermement, elles sont trempées. Encore un peu et on vous retrouvait gelée à deux pas d'ici.

-         Merci à vous mais ça va aller, je vais le faire, réussit-elle à ânonner entre ses lèvres bleuies.

Elle se pencha pour les ôter mais se rendit compte avec effroi que ses doigts, bleus, eux aussi, ne répondaient plus.

-         Laissez-moi faire, fit-il alors, en tirant sur la laine trempée.

Comme il fallait s'y attendre, ses pieds avaient pris la même couleur. Il entreprit alors de les frictionner vigoureusement, puis il étendit ses jambes plus près de la cheminée, et recommença la même opération avec ses mains.

-         Voilà, c'est mieux, fit-il au bout d'un moment, vous pouvez bouger les doigts ?

Elle fit oui de la tête, tout en s'exécutant.

-         Le bas de votre pantalon est trempé, vous devriez l'enlever. Je vais vous en chercher un autre.

Aussitôt, il tourna les talons et monta en courant l'escalier apparent. Il revint une minute plus tard, un pantalon de velours entre les mains.

-         Tenez, enfilez ça, ordonna-t-il fermement. Je suis dans la pièce à côté. Vous n'aurez qu'à m'appeler quand vous aurez fini.

Marie prit lentement le vêtement, de ses doigts encore engourdis.

-         Ça va aller ? demanda-t-il, prévenant.  Vous préférez que je le fasse ?

-         Non…merci… ça ira… marmonna-t-elle.

-         Très bien, alors à tout de suite.

Elle eut à peine le temps d'enfiler le pantalon que déjà il s'enquérait, de l'autre côté de la porte de la salle de bain :

-         Ca y est ? Vous êtes habillée ?

-         Oui, c'est fait, répondit-elle d'une voix un peu plus claire cette fois.

Il revint près d'elle et fixa son visage quelques secondes, avant de constater :

-         Bon, on dirait que vous reprenez des couleurs. Et ces pieds ? comment vont-ils ?

-         Ils fourmillent !

-         Alors tout va bien ! Vous voilà sortie d'affaire, vous pourrez encore vous en servir pour vous promener dans la neige… ironisa-t-il. Mais il s'en est fallu de peu ! D'où venez-vous donc ? Qu'est-ce qui vous a pris de sortir par un temps pareil ?

Depuis quelques minutes, Marie redoutait cette question. Il était évident qu'à un moment ou à un autre, l'homme allait la lui poser. Il était hors de question qu'elle lui dise la vérité, c'était trop humiliant. Alors elle lui répondit :

-         Il me manquait un ingrédient pour mon repas de Noël. J'ai voulu aller à l'épicerie du village mais avec cette tempête de neige, je me suis perdue en route.

-         Dites donc, ça devait être un ingrédient vraiment important, pour que vous preniez des risques aussi énormes ! répondit-il, pas dupe une seule seconde de ce mensonge grossier. Moi, c'est Thibault, ajouta-t-il en souriant et lui tendant la main.

-          Marie, répondit-elle en lui tendant la sienne.

« Il a une poignée de main ferme et franche, tout à fait en accord avec ce que semble être sa personnalité », pensa Marie. Instinctivement, elle s'était sentie à l'aise en présence de cet homme qui, selon toute vraisemblance, vivait seul, puisqu'elle n'avait vu personne d'autre depuis qu'elle était entrée dans le chalet. Elle posa quand-même la question :

-         Vous vivez seul ici ?

Il sourit :

-         Si la question est : « Etes-vous marié ? Eh bien non, je ne le suis pas.»

-         Mais non… ce n'est pas ce que je voulais dire…bégaya-t-elle en rougissant.

-         Eh ! Pas de panique ! Je vous faisais marcher ! Je voulais simplement détendre l'atmosphère.

-        

-         Bon…vous êtes d'accord avec moi, je pense, pour dire qu'il ne serait pas très prudent de votre part d'aller réveillonner ailleurs qu'ici aujourd'hui ! D'ailleurs, il faudrait peut-être que vous préveniez ceux ou celles qui vous attendent… ?

-         Non… ça va aller…

-         Vous êtes sûre ? Ils vont s'inquiéter !

-         Non… En fait, j'allais réveillonner seule.

-         Bon, eh bien comme ça, c'est réglé ! Le problème, c'est que ma famille devait arriver avec  toutes les délicieuses agapes. Seulement cette maudite neige les en a empêchés. Résultat, pour ce légendaire réveillon de Noël, je peux vous proposer un menu original : soupe de légumes, omelette. J'ai même une bonne bouteille de vin à la cave et quelques chocolats ! ajouta-t-il avec un clin d'œil.

-         Ça m'ira très bien, merci. Merci pour tout.

-          De rien, lui répondit-il en la regardant au fond des yeux. Vous allez voir, nous allons passer un excellent réveillon !

 

A suivre...

 

 

 

 

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30/11/2010
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