Sur le bonheur
Il paraît que le bonheur se mérite. Alors on court en tous sens pour l'attraper, comme après un papillon, dont on sait pourtant que si seulement on l'effleure, il meurt.
Certains le cherchent dans leur famille, au sein d'un doux cocon sécurisant où il fait bon se poser, le soir, après une journée de travail harassante. Ils sont parfois déçus de n'y trouver que l'ennui ou les ennuis.
Certains le cherchent dans les honneurs et le pouvoir, car ils ne peuvent concevoir de rester dans l'ombre et l'anonymat, synonymes pour eux de mort sociale. Ils meurent réellement parfois, dans le sens où ils s'éteignent de n'être plus personne, ou en tout cas, de se considérer comme tel.
D'autres le cherchent dans l'argent, qui, lui aussi, confère un certain pouvoir. Quand l'argent n'est plus là, celui qui en possédait beaucoup se sent tout à coup dépouillé, il a l'impression d'être nu.
D'autres encore le cherchent dans l'aventure et le risque, seul état où ils se sentent réellement vivants et libres. Si, pour une quelconque raison, ils sont obligés d'adopter une vie calme et rangée, ils se mettent à dépérir.
Certains vont au bout du monde pour le trouver, parce qu'ils en ont une vision idéaliste très précise, et sont persuadés de ne pouvoir adapter cette vision à leur sphère quotidienne.
D'autres le cherchent dans l'engagement humanitaire, ne pouvant se satisfaire d'une vie centrée sur eux-mêmes. Ils se sentent parfois très seuls dans leurs combats ou déçus du peu de résultats obtenus malgré beaucoup d'efforts.
D'autres encore le cherchent dans l'engagement politique, par idéal ou par simple attrait du pouvoir. Ils finissent souvent par être désabusés, devant l'écart énorme qui s'est creusé, entre les projets idéalistes qu'ils voulaient voir adoptés et les choix qu'ils se voient contraints de faire.
Certains le cherchent dans l'expression artistique, berceau de leurs rêves d'idéal ou simplement expression de leur être vrai, et sont parfois désorientés, devant la réalité qui les rattrape toujours à contre-courant.
On pourrait dresser une liste interminable de toutes les conceptions du bonheur, sans jamais parvenir à le définir. Car il existe autant de visages du bonheur que d'habitants sur la planète.
Et si, tout simplement, le bonheur se trouvait un peu dans toutes ses manifestations disparates ? Ou s'il n'était que l'image en kaléidoscope du rêve de chacun ? S'il était, tout simplement, dans l'instant présent ? Aussi insaisissable que le papillon, puisque toucher ses ailes équivaudrait à le condamner…
Et si…et si… et si…
L'homme n'a pas fini de se poser des questions sur ce concept aussi fluctuant qu'éphémère. Et si, tout simplement, on se mettait à vivre pleinement chaque instant ? Peut-être surgirait-il alors de lui-même, ce bonheur tant espéré…
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