L'aube fleurie

  Un jeune homme désabusé, erre seul au milieu d’une ruelle sombre et déserte en une nuit de pleine lune. Il souffre d’insomnie depuis quelque temps, et cette nuit-là, il a soudain éprouvé le besoin intense de sortir. Il étouffait entre les murs de son studio.

« Ce monde me désespère » se dit-il tout en marchant lentement, la tête penchée vers le sol.

 - Regarde la beauté du ciel, lui répond l’ange qui l’accompagne en toute discrétion pour l'instant. L'homme ne perçoit que sa voix.

 - C’est vrai, répond ce dernier en levant la tête vers le ciel. Il est magnifique, avec toutes ces étoiles scintillantes, mais…

- Mais quoi ?

- Ça ne change rien. Je ne sais plus où aller, je me sens perdu.

- Rentre chez toi, dors. Et demain, va dans la nature.

- Dans la nature ? J’habite loin de la nature, tu le sais. Et ma voiture est en panne.

- Très bien, alors écoute. Au bout de cette ruelle, à droite, il y a un joli parc. Demain, entre dedans et observe.

- Observe quoi ?

- Eh bien la nature !

- …/…

-  La nature t’enseignera le sens de la vie. Les feuillages naissant le goût du renouveau. L’herbe tendre la douceur de l’instant. Tu verras, à droite de l’allée centrale, il y a un magnifique magnolia qui te tendra les bras. Il te montrera la beauté, et tu en seras ébloui. Tu verras aussi des parterres de narcisses et de jacinthes. Leurs parfums t’envelopperont de douceur. Sur une branche du magnolia viendra se poser une mésange. Son sifflement joyeux te comblera de joie. Le soleil te réchauffera doucement, et le vent caressera ton visage. Alors tu te diras : ici je suis chez moi. Alors tu sauras.

- Je saurai quoi ?

-Tu sauras que tu n’es pas seul. Que tu ne l’es jamais. Que la vie te prend dans ses bras. Et si tu doutes encore en ce moment, lève la tête vers le ciel, et regarde : je suis là, j’ai toujours été là, et je serai toujours là, près de toi. Même si tu ne me vois pas toujours, je suis là.

   L’homme lève la tête vers le ciel, et c’est seulement à cet instant qu’il voit l’ange. Alors un grand sourire illumine son visage. C’est comme si le poids des quelques années qu’il vient de vivre, lui qui est encore si jeune, venait de se diluer comme par magie dans le ciel étoilé. En cet instant, il se sent léger, apaisé. Une aura de sérénité l’enveloppe de tendresse. Le ciel étoilé semble promesse de journée ensoleillée le lendemain. Il en est sûr à présent, oui, la nature le prendra dans ses bras.

  L’on n’est jamais seul, même si l’on pense le contraire. Même si parfois la vie nous semble absurde et sans issue. Même si le temps s’étire comme un long jour de brume glacée.

  Tu peux l’appeler Ange, Dieu, Univers, Intelligence supérieure, peu importe. Sa voix t’appelle dans le silence.

Ecoute et souris. La vie te tend les bras.

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