Promenade / Atelier Ghislaine 124
PROMENADE
Mots à insérer :
Congratuler, lumineux, fusain, automne
Papillonner, bois, furieux, crème.
Comme chaque fois que je décidais de faire une promenade dans la campagne, ce jour-là je me mis en route le cœur joyeux. En cet après-midi de bel automne, le bois vers lequel je me dirigeais était d’une beauté rare. Les feuillages resplendissaient de leurs belles couleurs. Les ors et les roux contrastaient avec les tons crème des feuilles déjà délestées de leur sève. Le soleil faisait étinceler chaque parcelle de vie, en cet endroit préservé de la fureur des hommes. Je marchais lentement, tranquillement, contemplant ce spectacle lumineux avec toute l’attention et tout le respect que je croyais devoir à notre belle nature. De temps à autre je m’arrêtais quelques secondes et je fermais les yeux pour mieux m’imprégner de l’atmosphère. Alors j’entendais mieux encore chaque son – le souffle léger de la brise, les chants d’oiseaux, le cri furieux d’un merle que je venais de voir perché sur une branche, en train d’essayer de chasser un oiseau concurrent, le bourdonnement des insectes qui papillonnaient autour de moi… . Je percevais mieux chacun des parfums qui semblaient s’élever dans les airs, m’emportant avec eux dans un tourbillon enivrant – celui de l’humus, de la verdure, des arbustes en ultime floraison, des feuilles en décomposition… Tout me semblait participer à la vie avec une force étonnante. C’est alors qu’une voix se fit entendre à moi : « As-tu pensé à remercier ? ». « Tu apprécies ta promenade bucolique et c’est très bien déjà, tu es consciente de la beauté de la nature, et ceci est encore mieux, mais as-tu pensé à la remercier pour tous ces bienfaits dont elle t’abreuve chaque jour, et pas seulement ces jours où tu décides de l’explorer ? » Je rouvris les yeux et tournai la tête de tous côtés pour découvrir d’où provenait cette voix. J’eus beau scruter chaque centimètre carré du lieu où je me trouvais, je ne vis personne, et la voix s’était tue. Puis, tout à coup, ce fut pour moi comme une révélation, et au moment même où cette évidence descendit littéralement sur moi, j’aperçus une biche. Une créature magnifique d’élégance et de grâce qui m'observait de loin. Le temps pour moi de croiser son regard et elle disparut dans un fourré. Alors je me mis tout naturellement, et sans y réfléchir, à remercier. Je remerciai la vision providentielle de cet être merveilleux qui s’était déjà manifesté à quelques périodes importantes de ma vie. Si cette biche croisait mon chemin ce jour-là, c’était qu’elle voulait m’inciter à répondre au souhait de la voix que je venais d’entendre.
Alors je me mis à congratuler tout ce que je croisais sur ma route : les arbres aux feuillages jaunes si lumineux qu’ils ressemblaient à des soleils ; ceux qui semblaient en feu ; les fusains piquetés de rouge ; les dernières fleurs d’automne ; les feuilles encore vertes ; les tapis de mousse ; les branches tendues vers le ciel comme des bras quêtant sa bénédiction ; les oiseaux qui prêtaient leurs voix au vent, aux bourdonnements d’insectes, au clapotis de la rivière, pour un concert harmonieux : le concert de la nature en amour.
Il me sembla que le ciel me souriait, que les feuilles m’applaudissaient en tremblant plus fort sous la caresse d’un vent plus vigoureux. Sensation fugitive qui pourtant ne me quitta plus de toute la journée et me poursuit encore…
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