L'aube fleurie

L'aube fleurie

Printemps

 

 

 

 

Tout est lumière, tout est joie.

L'araignée au pied diligent

Attache aux tulipes de soie

Les rondes dentelles d'argent.

La frissonnante libellule

Mire les globes de ses yeux

Dans l'étang splendide où pullule

Tout un monde mystérieux.

La rose semble, rajeunie,

S'accoupler au bouton vermeil

L'oiseau chante plein d'harmonie

Dans les rameaux pleins de soleil.

Sous les bois, où tout bruit s'émousse,

Le faon craintif joue en rêvant :

Dans les verts écrins de la mousse,

Luit le scarabée, or vivant.

La lune au jour est tiède et pâle

Comme un joyeux convalescent;

Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale

D'où la douceur du ciel descend !

Tout vit et se pose avec grâce,

Le rayon sur le seuil ouvert,

L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe,

Le ciel bleu sur le coteau vert !

La plaine brille, heureuse et pure;

Le bois jase ; l'herbe fleurit.

- Homme ! ne crains rien ! la nature

Sait le grand secret, et sourit.

 

 

 

 

 

Victor Hugo

 

 

 

 

 

 

 

 



18/03/2012
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