Mille innocents ou un seul ?
Pour ne jamais perdre de vue la situation de l'autre, il faut commencer par adopter son point de vue. Comme Jean-Jacques Rousseau l'avait remarqué :"Le riche n'a que peu de compassion pour le pauvre car il ne sait pas s'imaginer pauvre". Le pêcheur inflige une cruelle torture au poisson parce qu'il ne sait pas s'imaginer poisson. C'est pour cette raison que l'étique bouddhiste demande que l'on commence par accorder de l'importance au point de vue de l'autre, puisqu'on l'aime comme soi-même, et enfin qu'on lui accorde la plus grande importance, car nous ne sommes qu'un seul être au regard des autres qui sont innombrables.
Mille innocents ou un seul ?
Un dilemme classique nous aide à mieux comprendre l'approche pragmatique du bouddhisme. Il est résumé par André Comte-Sponville : "S'il fallait, pour sauver l'humanité, condamner un innocent (torturer un enfant, dit Dostoïevski), faudrait-il s'y résigner ? Non, répondent les philosophes. Le jeu n'en vaudrait pas la chandelle, ou plutôt ce ne serait pas un jeu mais une ignominie. "Car si la justice disparaît, écrit Kant, c'est chose sans valeur que le fait que les hommes vivent sur terre."
Matthieu Ricard - "Plaidoyer pour le bonheur"
En ces temps mouvementés, je fais de la dernière phrase de ce texte mon leitmotiv pour les jours qui viennent.
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