L'aube fleurie

L'aube fleurie

Les deux poèmes (texte de Khalil Gibran)

Il y a des siècles, sur une route vers Athènes, deux poètes se rencontrèrent et ils furent heureux de faire la connaissance l'un de l'autre. 

L'un des poètes demanda à l'autre :"Qu'avez-vous composé récemment, et comment va votre lyre ?"

Et l'autre poète répondit avec fierté : 'Je viens juste de finir le plus beau de mes poèmes, peut-être le plus beau poème jamais écrit en grec. C'est une invocation à Zeus le Suprême."

Puis il retira de dessous sa cape un parchemin, disant : "Je l'ai sur moi, le voilà. Je vous le lirais volontiers. Allons nous asseoir à l'ombre de ce cyprès blanc."

Le poète lut son poème, et c'était un long poème.

Et l'autre poète dit avec bonté : "C'est un beau poème. Il vivra à travers les âges, et il te glorifiera."

Et le premier poète dit calmement : "Qu'avez-vous écrit ces derniers jours ?"

L'autre répondit : "Je  n'ai écrit que peu, seulement huit vers en mémoire d'un enfant qui joue dans un jardin." Et il lui récita les vers.

Le premier poète dit  : "Ce n'est pas mal, pas mal."

Et ils se quittèrent.

Aujourd'hui, après deux mille ans, les  huit vers de ce poète sont lus dans toutes les langues, et ils sont aimés et chéris.

Bien que l'autre poème ait été réellement transmis à travers les siècles dans les bibliothèques et les cellules de savants, et qu'il soit gardé en mémoire, il n'est ni aimé ni lu.

 

Khalil Gibran



19/12/2015
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