L'aube fleurie

L'aube fleurie

Leçon d'humilité

Par une nuit profonde et lourde, Jeha le Simple entendit un gémissement venant du fond du puits. Il passa son chemin en courant, tant il était couard. Il crut à un djinn caché derrière la margelle. Celui qui venait dans son sommeil le tirer par les pieds. Ou encore un de ces esprits frappeurs qui martèlent les rêves pour les faire basculer au cauchemar et troubler la paix des dormeurs.

 

Alors Jeha se mit à chanter fort pour se donner du courage. Mais la voix du fond du puits devint un appel pressant dont la détresse fit frissonner le Simple.

 

Malgré sa frayeur bien grande, Jeha en appela à Dieu pour trouver le courage de franchir les quelques mètres qui le séparaient du cri.

 

Petit à petit, il discerna des mots, des appels au secours, ce qui finit par lui donner courage. Il se dressa, fort, droit, tel un guerrier qui part affronter les forces de la nuit.

Quelques centimètres plus tard, il comprit le sens des mots qui lui parvenaient.

 

-     « S’il te plaît, toi qui passes là-haut, toi qui entends ma voix, mon appel au secours, tends une corde au pauvre érudit que je suis. Je cherchais au fond du puits la vérité que l’on dit s’y cacher, je cherchais le sens de la vie. »

-       «  La vérité ? C’est que tu es tombé, et tu t’es mouillé d’eau », dit Jeha.

-      « Ah, pourquoi ajouter à mes misères ? Tu écorches mes oreilles de pléonasmes infâmes ! Avoir tant étudié pour entendre tant d’ignorance ! Je te reconnais bien là Jeha, le simple du village. Si je suis dans l’eau, je suis forcément mouillé ! Corrige-toi s’il te plaît et apprends à parler ! »

-       «  Tu as raison, Erudit, je vais de ce pas apprendre le beau langage et reviendrai te sortir du puits quand je saurai parler. »

 

 

Conte d’Orient



05/02/2013
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