L'aube fleurie

« Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat, de sorte que le fils de l’homme est maître même du sabbat. »

   Pour comprendre ce verset, il convient d’abord de définir le terme « sabbat ». Pour les juifs de l’époque et encore aujourd’hui, le sabbat, préconisé dans la Torah, représente le repos hebdomadaire, le septième jour de la semaine, qui débute le vendredi soir au coucher du soleil et se termine le samedi, également au coucher du soleil. Le repos du sabbat est aussi le quatrième des dix commandements de la Bible. Pourquoi ce repos hebdomadaire a-t-il été instauré par le Divin ? La raison en est indiquée très précisément dans un livre de la Bible « Deutéronome 5 : 14 : « Mais le septième jour est le jour du repos de l'Eternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi. » Il est clair que ce jour de sabbat a été instauré afin que l’homme puisse ce jour-là se reposer de toutes ses tâches de la semaine et s’octroyer du temps pour se détendre et vider son esprit de toutes ses préoccupations quotidiennes, donc dans un but bienveillant pour le bien-être de chacun, et non dans celui d’imposer une règle formelle autoritaire passible d’une punition sévère pour les contrevenants. Or, c’était ce que prétendaient les dignitaires religieux de l’époque, au point qu’ils avaient fait de ce jour de repos quelque chose de dogmatique, encombré de tout un tas d’autres règles inutiles et liberticides qui engluaient tout un chacun dans un magmas diffus auquel personne ne comprenait plus rien.

   Qu’est venu faire Jésus sur terre ? Outre le fait d’exercer sa principale mission : enseigner l’amour, il est venu libérer les croyants de tous ces diktats surannés de l’époque, qui les étouffaient tellement, qu’ils en oubliaient finalement le principal : l’amour de leur prochain. Jésus est on ne peut plus précis à cet égard : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. » Il fut contraint d’affirmer cela ce jour où « il entra dans le temple, du temps du souverain sacrificateur Abiathar, et mangea les pains de proposition, qu'il n'est permis qu'aux sacrificateurs de manger, et en donna même à ceux qui étaient avec lui ! » Marc 2 : 26. Ce jour-là, il s’affranchit littéralement des règles de l’époque et fit tout simplement ce que son cœur lui dictait de faire, parce que selon lui : «le fils de l’homme est maître même du sabbat. »

   En même temps, il se positionnait au même niveau que ses frères et sœurs humains, en se nommant lui-même « fils de l’homme ». Le message qu’il envoya aux croyants ce jour-là est très clair : si lui-même, en tant que « fils de l’homme » est maître du sabbat, tous les hommes le sont aussi.

   Cela signifie-t-il que Jésus est venu abroger le quatrième commandement de la Bible ?  Absolument pas. Il n’a fait que lui rendre sa véritable signification et sa valeur. Il est venu le replacer au centre de l’amour, là où est sa véritable place et où il aurait dû rester pour toujours. En partageant avec ses amis les pains de proposition normalement réservés aux sacrificateurs, Jésus accomplit un acte extrêmement symbolique. D’une part ce geste était un geste d’amour envers les autres, et d’autre part, il envoyait un message fort : la loi divine n’appartient pas à une élite fondatrice de règles inutiles, mais à tout homme qui s’approche de Dieu et des autres avec le cœur ouvert, dans une intention bienveillante et avec amour.