La pensée d'Epictète
Epictète, que nous connaissons par son manuel, fut esclave avant d’être philosophe. Il naquit vers l’an 50 avant Jésus-Christ, dans une famille serve, et fut à son tour, durant de longues années l’esclave d’Epaphrodite, affranchi de Néron.
Epictète, boiteux dès son plus jeune âge, eut encore à supporter le sadisme d’un maître brutal qui le martyrisait. Ce qui le sauva, fut sans doute cet esprit philosophe qui l’animait. Car son maître s’en étant aperçu, et y entrevoyant sans doute quelque avantage, lui fit entendre les leçons de Caius, Musonius Rufus, philosophe stoïcien qui avait ouvert une école à Rome.
Dès qu’il fut affranchi, Epictète fit profession de philosophie.
Il vécut dans la pauvreté. Ses discours étaient à l’image de la vie qu’il menait : humble et dénuée d’ambition personnelle. Il était convaincu que le bonheur ne dépend pas de causes extérieures à soi-même mais de ce que l’on est au plus profond de soi et de la manière dont on envisage les actions et les événements. Il était entièrement convaincu qu’on peut être heureux dans la pauvreté, la souffrance, la misère, et il tentait sans relâche d’en convaincre ses concitoyens.
A l’instar de Socrate, il n’écrivait rien. Il parlait seulement, et les gens l’écoutaient avec bonheur et sérénité, tant ses paroles étaient apaisantes. Ce fut Flavius Arrien, son disciple, qui retranscrivit scrupuleusement ses paroles.
Pour vous, ici, quelques morceaux choisis de sa pensée :
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses. Ainsi, la mort n’a rien de redoutable, puisque, même à Socrate, elle n’a point paru telle. Mais le jugement que nous portons sur la mort en la déclarant redoutable, c’est là ce qui est redoutable. Lorsque donc nous sommes traversés, troublés, chagrinés, ne nous en prenons jamais à un autre, mais à nous-mêmes, c’est-à-dire à nos jugements propres. Accuser les autres de ses malheurs et le fait d’un ignorant ; s’en prendre à soi-même est d’un homme qui commence à s’instruire ; n’en accuser ni un autre ni soi-même est d’un homme parfaitement instruit. »
« Ne demande pas que ce qui arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. »
« La maladie est une entrave pour le corps, mais non pour la volonté, si elle ne le veut. La claudication est une entrave pour les jambes, mais non pour la volonté. Dis-toi de même à chaque accident, et tu trouveras que c’est une entrave pour quelque autre chose, mais non pour toi. »
« A chaque accident qui te survient, souviens-toi, en te repliant sur toi-même, de te demander quelle force tu possèdes pour en tirer usage. Si tu vois un bel homme ou une belle femme, tu trouveras une force contre leur séduction, la tempérance. S’il se présente une fatigue, tu trouveras l’endurance ; contre une injure, tu trouveras la patience. Et, si tu prends cette habitude, les idées ne t’emporteront pas. »
« Ne dis jamais de quoi que ce soit : « Je l’ai perdu. » Mais : « Je l’ai rendu. » Ton enfant est mort, il est rendu. Ta femme est morte, elle est rendue. Mon bien m’a été ravi. Eh bien ! Il est aussi rendu. « Mais le ravisseur est un scélérat. » Que t’importe par qui celui qui te l’avait donné te l’ait réclamé ? Tant qu’il te le laisse, jouis-en comme d’un bien étranger, comme les passants d’une hôtellerie."
"Signe de celui qui progresse : il ne blâme personne, il ne loue personne, il ne se plaint de personne, il n'accuse personne, il ne dit rien de lui-même comme de quelqu'un d'importance ou qui sait quelque-chose. Quand il est embarrassé et contrarié, il ne s'en prend qu'à lui-même. Quand on le loue, il rit à part soi de celui qui le loue; et quand on le blâme, il ne se justifie pas. Il se comporte comme les convalescents, et il craint d'ébranler ce qui se remet, avant de recouvrer son affermissement."
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