L'aube fleurie

Il faut beaucoup de temps pour construire une vie,

il en faut très peu pour l'étincelle qui l'allume.

Il faut beaucoup de temps pour faire le tour du monde,

et très peu pour visiter le pays du rêve.

Il faut beaucoup de temps pour apprendre ce qu'est l'univers,

le temps d'un battement d'aile suffit à ressentir Dieu.

A l'échelle du papillon,

il faut beaucoup de temps de l'aube au crépuscule.

A l'échelle de l'homme, juste le temps d'un lever et d'un coucher de soleil.

Qu'il semble long à la rose de voir s'ouvrir son bouton virginal !

Il est pourtant trop court pour qui admire ses pétales et s'enivre de son parfum.

Il faut beaucoup de temps à l'homme pour comprendre la femme,

à la femme pour comprendre l'homme.

Il leur en faut peu pour saisir l'étincelle de leurs regards pareillement amoureux.

Il faut beaucoup de temps à l'enfant pour comprendre ces mystères

que ses parents détiennent au chaud jusqu'à l'heure de son initiation.

Pour l'homme éveillé, le temps de l'innocence semble s'être écoulé aussi vite que le sable au sablier.

Sable est le temps au sablier de la vie.

Matière insaisissable,

possiblement quantifiable...

Mais qui voudrait compter les graines de sable coulant au sablier ?

Le temps n'est pas la mesure qui fait éclore la vie.

Il est l'éclat d'une luciole dans la nuit,

le souffle d'une chanson d'amour dans l'aube du savoir,

le parfum d'une fleur d'amitié,

dans les vapeurs métalliques d'une vie bien réglée.

La  mesure du temps, c'est l'amour.

L'amour est le métronome qui règle la cadence de nos chants, de nos musiques,

qui change notre regard sur l'aube et sur le crépuscule,

qui éveille nos sens à la perception de l'humainement imperceptible.

L'amour est la mesure du temps et l'instant en est le parfum.

M